En terme de lecture, j'ai tendance à être bon élève, voire un peu rigoureux, pour ne pas dire rabat-joie : je lis les pages dans l'ordre, j'évite de sauter des paragraphes, je ne file pas à la fin pour connaître la chute en avance... Mais là, j'ai fait un écart.


Déjà, je suis revenu en arrière pour vérifier un truc qui me chiffonnait : Soq est un personnage dont l'auteur parle au pluriel. C'est quelque chose qui m'a troublé et qui, sur la longueur, a perturbé ma lecture des chapitres qui lui sont consacrés. Les autres parties font vivre les différents protagonistes, alternent les points de vue et nous invitent à découvrir Qaanaaq, une énorme cité flottante, décor magistral d'un monde futuriste décadent et vaguement proche de celui que nous connaissons. Inutile de faire des aller-retours dans le livre en ce qui concerne les autres personnages, ils sont assez stéréotypés et se comportent comme on peut l'attendre d'eux, sans grande surprise.


Vers la moitié du livre, peu convaincu par cette histoire d'inuit venue pour se venger accompagnée de son orque et de son ours, j'ai commencé à sérieusement me demander où cette molle intrigue allait nous mener. Comme le mal était fait, que j'avais interrompu la linéarité de ma lecture, j'ai eu moins de scrupules et je suis allé voir plus loin si les grosses ficelles tiraient bien dans la direction que je craignais. Et oui, le scénario peu palpitant s'avère n'être qu'un prétexte pour dresser un portrait sociétal attendu et sans nuance. Certes, l’intention est louable, l’auteur tient à nous rappeler qu’il faut prendre des mesures contre le changement climatique et que les inégalités mènent à la révolution. Le problème, c'est que le constat est à la fois trop simple et très dispersé. Du triste sort des réfugiés à la violence en passant par la surpopulation, la politique ou encore la fracture sociale et économique, tous les aspects sont abordés. Mais seulement en surface.


Pour autant, il y des éléments du roman qui relèvent sérieusement le niveau. Les passages qui évoquent la "ville sans plan" créent de la profondeur dans un décor franchement visuel et certaines descriptions sont même graphiques, notamment celle de l'ours à la tête et aux pattes encagées. La jeune femme et ses bêtes évoquent d'ailleurs des images très fortes et la relation qui les lie est vraiment une bonne trouvaille.


Bref, si je n'ai pas été client de ce roman à la couverture digne d'un film catastrophe des années 90, je conçois qu'il puisse plaire aux amateurs d'ours et à tous ceux qui ont un abonnement à Marineland. Il y a un peu d'hémoglobine aussi, pour ceux qui aiment.


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le 8 févr. 2019

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