L'Islande, loin de Björk et des ses fantaisies colorées, est donc un pays morne et sinistre, peuplé de bâtards porteurs de maladies génétiques se livrant à de sinistres occupations au dessus d'un vaste marécage puant qui envahit peu à peu le sous-sol de leurs appartements. Ne reste guère que la drogue, le viol et le suicide, à la fin, pour s'amuser ou se soulager de toute cette merde. "La Cité des Jarres" est lent, morne et sinistre comme l'Islande telle que Indridason la voit, et, si ce n'était la manière fort improbable dont un semblant d'intrigue mal structurée se construit à partir de la fascinante entreprise de cartographie du génôme islandais (un sujet "techno" qui aurait sans doute mieux convenu à Dan Brown - lol !), n'aurait pas grand chose d'un "policier" (et n'a en tout cas rien d'un "thriller", les seuls frissons ressentis ici venant de la désagréable impression d'avoir de la pluie glacée ruisselant dans notre dos)... Pourtant, à la fin, alors que le lecteur ne peut être qu'accablé par l'évidence forcée de la conclusion de "l'énigme", une vraie émotion balaye les pages de la "Cité des Jarres" : celle provoquée par le spectacle de l'impuissance fondamentale de l'être humain, et des désastres familiaux et relationnels qui en résultent inévitablement. Ce n'est pas rien. [Critique écrite en 2008]