La cité sans nom est une bonne - bien que courte - introduction à l'univers de Lovecraft et à son ambiance angoissante. On y trouve déjà en germe les thématiques qu'il développera à loisir dans ce que les exégètes ont appelé Les mythes de Cthulhu : l’innommable, la cité gagnée par une curieuse dégénérescence, un narrateur bravant les tabous pour découvrir d'insupportables secrets, de mystérieux êtres hybrides, visqueux et répugnants. Toute la paranoïa de Lovecraft est déjà donnée à lire dans cette nouvelle.
Cependant, comme c'est là l'un de ses premiers récits du genre, on se doute qu'il ne s'agit pas d'un de ses chefs-d’œuvre. Si l'attente du narrateur dans la cité perdue dans le désert tient assez bien le lecteur en haleine, l'auteur aurait gagné à faire davantage monter l'angoisse. Et, surtout, la fin se révèle un peu décevante, loin d'être aussi terrible que le titre et l'introduction pouvaient nous laisser l'imaginer. On a la sensation qu'elle a été expédiée un peu rapidement.
Qu'importe, le lecteur aura largement l'occasion de se rattraper avec L'appel de Cthulhu, Le cauchemar d'Innsmouth et Les montagnes hallucinées - entre autres.