Voilà un livre important dès son origine et qui est resté original malgré son importance.
Important car il a couronné, avant la seconde guerre mondiale, les travaux du jeune chercheur et enseignant allemand Norbert Elias. Il l’a fait connaître comme sociologue et non seulement comme intellectuel juif ayant fui son Allemagne natale qui fera périr une grande partie de sa famille.
Mais original car dessinant une conformation de l’humain comme réceptacle de la civilisation antérieure. Une vision non évolutionniste mais plutôt cumulative des gestes de la civilité (comment manger boire ou faire sa cour...) où chacun, par le double jeu de l’imitation et de l’éducation (Erasme est mainte fois cité) s’incorpore les attitudes qui résultent des siècles passés.
Cette vision peut paraître dépassée une fois assimilés les travaux de l’ethnologie et de l’anthropologie contemporaines ; elle est cependant considérable pour qui recherche (encore ?) un sens à la noblesse de l’éducation.
Encore un petit clin d’œil : j’y vois un peu les prémisses du concept - a mon avis très contestable - « d’injonction » employé aujourd’hui un peu à tort et à travers pour justifier une attitude déformée par rapport à la liberté, et parfois hélas destinée à justifier par avance une attitude violente à l’égard des institutions, dont toute critique est bienvenue, sauf quand elle se complaît au systématique.