Il est vrai qu'on perçoit l'Antiquité comme diablement évolué par rapport au Moyen-Âge. Pourtant le MA a réalisé de nombreux changements dans la société, notamment la fin de l'esclavage. Le servage qui l'a en partie remplacé se pratiquait de manière moins répandue et était moins contraignant.
Le MA voit se développer une vie campagnarde plus développée mais également plus temporaire avec des habitations essentiellement en bois, raison pour laquelle, il reste si peu de traces. Pourtant, il voit aussi se développer les villes, les modes de vie aristocratiques et les problématiques de transmission, héritage ou mariage qui les accompagnent ne concernent qu'une petite frange de la population.
Il est intéressant de noter que les artisans qui se développent autour de cette aristocratie fastueuse ne travaillent que pour eux, autant dire que l'appât du gain prêté par les capitalistes en tout genre n'avait pas vraiment lieu.
Reste la structure communiste la plus élaborée de l'époque : l'Eglise catholique, récupérant tous les héritages et ne connaissant pas la propriété privée individuelle ou ses mécanismes de redistribution, il était évident que cette dernière allait devenir le système régissant la politique, globale (en couronnant des têtes) ou locale (grâce aux dons, elle était le plus gros propriétaire foncier). Autre monopole en sa possession, celui de l'érudition, les clercs sont en effet les seuls à savoir lire et dans une époque où une langue vernaculaire émerge dans à peu près chaque patelin perdu, détenir une langue commune quand bien même elle tombe lentement en désuétude permet d'afficher une centralisation nouvelle qui fait défaut chez les seigneurs.
Grâce à la communion, elle a pu se construire sa propre aristocratie entre clercs et laïcs, mais c’est surtout grâce à la confession qu’elle se retrouve en possession d’un organe de contrôle absolu sur la population. Comme tout organisme totalitaire désirant asseoir sa domination, elle se trouvera des adversaires : homosexuels, juifs, sorciers (surtout sorcières peut-on penser, mais l’étude de genre semble échapper à l’auteur).
Le passage d’une abbaye campagnarde de style roman à la cathédrale citadine de style gothique est commentée.
Concernant l’émergence de l’Etat, la mise en place d’impôt sur les territoires pourrait permettre de considérer son apparition, mais l’autre définition de Max Weber avec son monopole de la violence ne fonctionne pas car dans les deux cas, le monarque n’est pas le seul ni à imposer, ni à utiliser la violence pour asseoir sa domination, tous ses suzerains le font également.
Sur le style, c’est souvent assez long et oiseux, citer les collègues est louable pour leur rendre hommage, mais ça alourdit souvent un ouvrage déjà assez lourd par ailleurs.
Ces débats d’histoire pour aussi intéressants qu’ils puissent être occultent parfois un peu l’étude des faits les plus élémentaires qui nous auraient également intéresser. Ainsi les problématiques des mariages arrangés ne sont pas abordés, la transmission des héritages non plus, à une époque où peut-être on mourrait jeune, comment se réorganiser la famille. Toujours se taillant la part du lion, la religion abordera la Vierge Marie alors qu’on aura assez peu d’éléments sur la vie des femmes à cette époque.
On voit le MA comme une époque de misère et pourtant celle-ci est assez peu approfondi.
On aura plutôt de longs débats d’ordre biblique avec en plus de nombreuses répétitions…
Bien que la religion ait une bien large place, un certain nombre de question qui lui sont liés restent mystérieuses : la part de sa population, ses modes de recrutement, on ne cesse de dire qu’elle couronnait les têtes, certes, mais comment ? Comment finissaient ceux à qui on refusait la couronne ?
Le débat sur l’imagerie est intéressant mais occulte la question principale : comment Jésus est devenu blanc ?
Bref, l’ouvrage bien que complet et offrant à l’église la part la plus noble est finalement un peu léger par ailleurs.