Moi qui considère la deuxième partie de la saga de la Tour Sombre ratée, c'est avec une certaine appréhension que j'ai commencé la lecture de la Clé des vents. Heureusement, les personnages principaux de la série n'entrent en scène qu'en début et fin de tome et ne servent que de prétexte pour raconter deux histoires sur fond de mise en abîme.
D'une part, Roland relate un autre épisode de sa jeunesse sous la forme d'une enquête policière (et à la première personne), ce qui est somme toute assez original dans la Tour Sombre ; d'autre part il nous fait découvrir un conte de son enfance : l'histoire d'un enfant qui traverse mille aventures pour apporter un remède à sa mère victime de violence conjugale.
La Clé des vents bénéficie ainsi de l'univers de la Tour Sombre sans souffrir de son intrigue principale (qui chronologiquement est justement en train de partir à vau l'eau). Pas de dialogues grossiers, pas de 19 idiot, pas de grande bataille qui se voudrait épique mais qui n'est finalement que longue et ennuyeuse, pas de progression basée sur l'intuition (honnêtement, quand une intrigue ne se déroule qu'à base de "Je ne sais pas pourquoi je fais ça mais j'ai la conviction profonde que c'est important", c'est qu'il y a un gros problème de rythme, de narration et d'inspiration, et j'ai l'impression que cet artifice est récurrent chez King).
Bref, la Clé des vents ne garde de la Tour Sombre que le meilleur, c'est à dire son background, pour nous proposer un moment plaisant, une petite évasion sans prétention. Pas un chef-d'œuvre donc, mais un divertissement honnête, sur fond d'exotisme et de sombre fantastique.