Il y a des livres qu'on ouvre en sachant à l'avance que nous allons les aimer. C'est le cas pour The Bell Jar. J'étais déjà tombée sur quelques poèmes de Sylvia Plath, et fascinée par sa plume imagée qui dégage une sensibilité puissante, j'ai pu constater avec plaisir que son unique roman garde la même aura.


Nous découvrons l'héroïne Esther Greenwood, sorte de double fictionnel de l'auteur, lors de son aventure new-yorkaise. Elle qui est censée vivre le moment de sa vie dans une ville extraordinaire, avec un job ambitieux, elle se laisse happer petit à petit par ses tourments intérieurs. En décalage avec les autres filles qu'elle côtoie et pressée par ses aînées pour définir son avenir, encore confuse dans ses relations avec les hommes ; elle finit par se perdre.


De retour dans sa ville natale, le refus de sa candidature à participer à un cours d'écriture très demandé porte un coup fatal à sa santé mentale. On est ensuite immergé dans les pensées suicidaires d'Esther et on découvre dans le même temps la réalité des traitements psychiatriques inhumains, particulièrement pour les jeunes filles comme elle.


On assiste à sa déchéance mais également à sa lente guérison. Esther est plutôt chanceuse car elle évite de finir en hôpital public grâce à sa bienfaitrice qui la place dans un asile spécialisé, que celle-ci a elle-même fréquentée quand elle était plus jeune. C'est donc sa réussite scolaire qui la sauve partiellement. Elle rencontre une psychiatre femme avec qui elle arrive enfin à être en symbiose. La fin est suspendue à sa sortie supposée de l'asile.


Au-delà des péripéties d'Esther, ce qui prend le plus de place dans ce roman ce sont ses réflexions, son regard sur la société qui l'entoure et ses codes qu'elle ne comprend pas toujours. Le rôle de la femme est central. Elle remet en cause les doubles-standards qui entourent les relations hommes-femmes : la femme doit garder sa virginité pour son mari mais l'homme n'y est pas obligé car ils ont des besoins différents, etc.


Dans le roman, la sexualité est toujours associée à une certaine violence (l'agression qu'elle subit par un woman-hater, son hémorragie...) mais cela ne dégoûte pas Esther pour autant. Après avoir perdu ses illusions sur les hommes en comprenant que Buddy n'était pas le gendre idéal et qu'elle ne souhaitait pas dépendre d'un homme en général, elle prend part à de nombreux rendez-vous "à l'aveugle". Elle se fait poser une sorte de contraception qui la protège de tomber enceinte sous l'impulsion du Dr. Nolan (ce qui est plutôt révolutionnaire pour l'époque). C'est une libération : elle peut choisir son premier partenaire sexuel de manière adéquate.


C'est un livre qui se lit facilement mais qui reste longtemps en mémoire. Et ça fait du bien de lire une parole de femme qui ne tombe pas dans les clichés, qui est honnête et à laquelle on peut s'identifier. Dommage qu'il faille être un minimum curieux littérairement parlant pour découvrir cela, j'aurais aimé qu'on me parle aussi de Sylvia Plath au lycée plutôt que toujours de Salinger par exemple.

nelopee
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le 9 mars 2016

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nelopee

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