Alice Renard, primo-romancière, toute jeune femme, propose un roman captivant sur l’étrangeté d’une enfant et sa découverte de la liberté à l’adolescence.
De cette enfant différente, de sa venue chez Camillio et Maude, ses parents, qui de sa naissance à ses trois, quatre ans se sont inquiétés, Alice Renard nous en raconte par le menu, l’histoire en alternant les points de vue de son père et de sa mère.
Brin d’histoire
Et de ces deux récits qui forment la première partie, le lecteur retient, l’inquiétude, la honte, l’enfermement et l’agressivité rentrée, insidieuse, des parents pas comme les autres. Tout bouleverse le bon sens de ces deux adultes !
Elle est sapeur-pompier, avec une propension certaine à être le sauveteur du monde. Lui est laveur de vitres sur les buildings. Solitaire, il affronte le vertige, les environnements escarpés. Tous deux sont habitués aux situations périlleuses.
Consultant les médecins, fréquentant les voisins et la famille pour trouver explications et surtout diagnostic, ils recherchent le nom de la maladie et après, un médicament pour que tout devienne normal.
Mais, rien ne peut apaiser leurs inquiétudes. Seule enfant de ce couple, ils ne peuvent se résoudre à sa différence. Les avis sont contradictoires et, pour eux, aucunement rassurants. Personne ne savait. Personne ne pouvait les aider.
Les médecins ne savaient que dire
“Elle ne veut pas.
Elle pourrait.”
Impossible pour eux d’entendre ces deux phrases, devenues leitmotiv chez les soignants.
Alors, en fermant leur porte et en arrêtant leurs démarches, ils décident qu’ils seront seuls capables de s’en occuper.
À 13 ans, le corps d’Isor est devenu grand mais elle ne parle toujours pas, ne va pas à l’école et à peu près tous les quinze jours, se laisse aller a des colères où le monde s’arrête par la violence et la destruction qu’elles véhiculent.
Un jour, une rencontre fortuite va changer ce schéma. Deux solitudes vont s’apprivoiser : celle du voisin de soixante-seize ans, avec son histoire et celle de la jeune fille esseulée, enfermée autant dans son aphasie ainsi que dans sa famille.
Un premier roman étonnant
Bâtis en trois parties, le roman, La colère et l’envie, est atypique et étonnant mais complètement envoûtant.
Sa maîtrise littéraire et sa maturité sidérante donnent une puissance narrative assez novatrice. Quelques longueurs et des redondances, mais dans l’ensemble un récit qui ne laisse absolument pas indifférent !
Mais qui est Alice Renard pour écrire ainsi ? Le récit reprend certainement des données autobiographiques. Des souvenirs de l’enfant précoce que ses parents voulaient protéger des dangers du monde ? Certainement ! Mais, il n’empêche que ce roman attire la curiosité du lecteur.
En tout cas, c’est aussi un hommage à l’affection que ces parents ont réussi à donner à leur fille. Un remerciement littéraire en somme !
Assurément une rencontre qu’il est difficile d’oublier ! À vous de la découvrir.
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