Isor est une enfant différente. Elle ne parle pas, perçoit le monde à sa façon, pique des colères dévastatrices, semble étrange. Dans sa petite enfance, ses parents sont allés de spécialiste en psychologue, sans jamais trouver de réponse à leurs interrogations, ni d'apaisement à leur inquiétude. Pire, selon le corps médical, Isor "pourrait" mais "ne veut pas." Comment alors, accepter sa particularité, l'incompréhension, la honte de la différence ?
Ce roman est l'histoire d'une lente maturation, et de l'impact sur les parents d'Isor de la sensibilité particulière de leur fille. Comment mener une vie normale, sortir, recevoir des amis, quand vous ne comprenez rien aux réactions de votre fille ? La construction du roman (3 parties, des choix narratifs très différents dans chacune d'entre elles) apporte beaucoup de dynamisme à l'ensemble. L'écriture montre une grande maturité de l'autrice, qui, rappelons-le, n'a que 21 ans. Elle s'attache à explorer le mode de pensée d'Isor, mais aussi à souligner les sentiments ambivalents provoqués chez les parents, et les répercussions sur leur couple.
Il est difficile de rendre par écrit ce que l'on peut ressentir à la lecture de ce premier roman. Sans doute Alice Renard aura t-'elle contribué avec La Colère et l'envie, à faire connaître une sensibilité, un mode de pensée, qui, s'il n'est pas celui du plus grand nombre, n'en reste pas moins tout aussi recevable qu'un autre. Le début d'une prise de conscience ? Je l'espère...