Une tonalité mélodramatique gâchant la bonne idée fictive initiale

En tant que lecteur, La collectionneuse de mots oubliés m’a intéressé sur l’enfance et l’adolescence du personnage principal d’Esme Nicoll. C’est dans cette période que Pip Williams parvient le mieux à nous faire partager l’intérêt de l’entreprise du dictionnaire d’Oxford. Bien sûr, le fait qu’Esme s’intéresse très tôt à collecter de son côté des mots utilisés le plus souvent par des femmes anglaises du peuple est l’entreprise « fictive » la plus croustillante du roman. Là où l’œuvre de la romancière dérape, c’est de vouloir absolument mélanger la grande Histoire ( sous le fond des mouvements des Suffragettes et de première guerre mondiale) avec la sienne ( où l’imaginaire avait déjà de quoi de s’affranchir de la réalité). Dès la grossesse non souhaitée d’Esme, La collectionneuse de mots oubliés prend une tonalité mélodramatique gâchant la bonne idée fictive initiale. À dire vrai, j’avais choisi de lire ce livre pour ses chemins de traverse proposés par la collecte des mots oubliés ( qu’on retrouve véritablement au moment où Esme fréquente les femmes du marché d’Oxford et les actrices du théâtre). En faire un roman fleuve sur la cause féminine du droit de vote entremêlé aux horreurs de la première guerre n’est pas une idée lumineuse. C’est au contraire, une façon de fuir l’idée fictive de base où le roman aurait eu toute sa saveur. Dommage.