La Compagnie Noire est le premier tome du cycle de dark fantasy du même nom, écrit par Glen Cook.
En bref : la Compagnie Noire c'est une bande de mercenaires un peu particulière. Originaire de la mythique Khatovar, elle est partie voilà des siècles en compagnie de onze autres troupes. Depuis ses membres sans cesse renouvelés de batailles en contrats ont parcourus des milliers de kilomètres dans bien des pays. Toutes les compagnies ont disparues au fil du temps, seule reste la Compagnie Noire en guerre contre le monde entier. Réduite à de faibles effectifs (le métier de tueur impitoyable peu payé n'attire pas vraiment les candidats), elle se cantonne depuis des années dans un rôle de garde ennuyeux. Jusqu'au jour où ils sont recrutés pour servir la Dame et ses Dix Asservis, gouverneurs impitoyables d'un puissant empire reposant sur la coercition et la magie noire pour survivre au fil des siècles.
Quand on rentre dans la Compagnie Noire, on abandonne son passé et ses vieilles allégeances derrière soi. Ce n'est pas un ramassis de brutes, de voleurs, d'assassins et d'escrocs en tous genres. Ou plutôt pas seulement. C'est aussi une camaraderie puissante : parfois proche d'une fraternité d'autres fois d'un conglomérat de râleurs qui se tirent dans les pattes. Cependant c'est l'unité des mercenaires avant tout face à l'adversité. Tous les moyens sont bons pour achever le contrat. L'honneur ? Sans intérêt. La moralité ? Uniquement s'ils sont payé pour.
Comme beaucoup de ces vieux soldats au sein de la compagnie, Toubib se fait appeler par son rôle. Il rafistole ses brigands de compagnons de son mieux, parfois aidé du sorcier Qu'un-œil et de ses mixtures magiques. Dans la décadente cité de Béryl eux et le reste de la Compagnie Noire coulent des jours tranquilles à réprimer occasionnellement des rébellions dans le sang. Mais, petit à petit, leur employeur actuel perd son pouvoir politique et il commence à rester dangereux pour nos gaillards de servir le camps des perdants.
Aussi, quand une possibilité de changement d'allégeance se profile, ils sont tout content d'aller servir la Dame, malgré sa terrible réputation (avérée) d'impératrice-sorcière tyrannique avide de pouvoir. Cette dernière à besoin d'une force armée d'élite, composée de vétérans n'ayant pas peur de se salir les mains. Aussi Volesprit un des Dix Asservis se charge en son nom de recruter les durs-à-cuire. En chemin il recruterons Corbeau, un type taciturne bien dans leur genre et au passé encore plus mystérieux qui fera une recrue parfaite et un bon ami pour Toubib.
Les opposants de la Dame croient en la Rose Blanche, héroïne réincarnée élue des prophéties. Destinée à renverser la terrible impératrice. L'espoir de tout un peuple face à l'oppression. Etc... Cette fois-ci ils sont sûr d'avoir la bonne avec eux. Pas comme les trois dernières fois au cours des siècles où ils se sont fait rétamer la tronche par la Dame et ses sbires... La Compagnie Noire accorde peu d'importance aux notions subtiles de bien ou de mal, mais là ils ont peut être signé un pacte avec le diable, le tout en plein milieu d'une guerre prophétisée !
J'ai beaucoup aimé la Compagnie Noire. Narrée uniquement à la première personne et du point de vue des personnages principaux parmi les mercenaires (ici Toubib). On suit au premier plans les "aventures" pas très jojo d'une bande de fripouille qui se sort plus souvent de la panade par ses ruses que par la force des armes. Sauf bien sûr s'ils sont en position de force, dans ce cas ils s'en donnent à cœur-joie. On est résolument dans un univers sombre, et on suit manifestement des anti-héros. Attention, il ne s'agit pas de ces prétendus anti-héros qui ont un sale rôle mais qui au fond sont de bons gars (comme dans l'Assassin Royal ou Elric). Non, ici ils sont vraiment mauvais.
Mais là où Glen Cook a fait fort, c'est en réussissant malgré tout à supprimer tout manichéisme de son œuvre. On est plus dans le dégradé de mauvais que dans un combat caricatural entre le bien et le mal. La Dame d'un côté est certes maléfique, mais elle promet l'ordre et la prospérité sur son dominion. Et à côté de son époux (mort, ressuscité, remort et en attente pour recommencer) elle fait figure de bisounours. Après cela on a les "gentils" rebels, prêt à utiliser n'importe quel moyen pour renverser la Dame, y compris la torture, le pillage et autres joyeusetés.
Alors, hormis son univers sombre et violent, que retenir de la Compagnie Noire ? Principalement les personnages hauts-en-couleurs en évolution constante. De par son principe même, la bande de mercenaire que nous suivons est comme une grande famille, composée exclusivement de grand frères bourrus, de pères alcooliques et de vieux oncles rapiats. Elle se renouvelle sans-cesse et se rassemble en toute circonstance autour d'un feu pour tricher autour d'une partie de cartes comme à la guerre. Coups d'audace, engueulades, deuils, ronchonnements et corruption sont au rendez-vous.
Le style d'écriture est assez déconcertant au début, mais on s'y fait vite. Il y a relativement peu de descriptions de lieux ou de personnages. Ces derniers sont plus construits par les dialogues épicés, qui donnent rapidement l'impression que l'on connaît ces gars bourrus et que l'on a vécu avec eux une partie de leurs aventures. D'ailleurs on démarre la lecture littéralement en plein milieu d'une et leurs péripéties ne sont pas prêt de se terminer...
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