"Tout cela n'est pas la vie, c'est le bruit de la vie"
Qu'il est difficile de donner une note à cette Confession d'un enfant du Siècle. L'histoire en elle-même n'est pas exceptionnelle mais quel génie dans l'écriture !
Les passages où il est question du malheur des libertins, de la maladie du siècle ou encore des conflits intérieurs d'Octave, opposant son esprit et sa conscience, sont bluffants. On sent une volonté féroce de la part d'Alfred de Musset de fixer sa pensée dans la plus grande précision, et cela fonctionne.
En réalité, l'auteur est excellent lorsqu'il s'agit de dépeindre un sentiment, une ambiance ou l'esprit d'une époque, mais bien malhabile pour raconter une histoire avec passion. Or on ne fait pas un roman de quelques impressions accolées les unes aux autres, aussi réussies soient elles. Les effusions intellectuelles, pour être digestes, s'adossent généralement à un personnage attachant et une histoire haletante.
Malheureusement on sent bien trop souvent que la créativité de Musset était en rade et les passages de déboires amoureux qui s'accumulent tendent à essouffler le récit... Il faut bien souvent se farcir une dizaine de pages de doutes, de conflits, de retrouvailles avant d'avoir droit à nouveau à quelque accès de génie.
Et dans ce registre, le personnage d'Octave est de loin le plus pénible. A trop vouloir insister sur la dualité qui existe en chaque homme (je veux être heureux et rendre ma maîtresse heureuse, mais toutes les nuits je suis rattrapé par mes vieux démons), Musset crée une espèce de Schizophrène détestable car inconstant, imprévisible et finalement, peu crédible... Notamment en ce qui concerne sa soit disant vie de libertin en réaction à laquelle son tempérament se verra tant changé. Concrètement, cette période de désespoir et de débauche si traumatisante tient sur 20 pages et à aucun moment l'auteur n'entre dans le vif du sujet, se contentant de vagues évocations, comme s'il avait soudant réalisé que ce sujet le dépassait.
Quant au titre, si je l'avais d'abord mal jugé en l'interprétant comme une prétention de la part de Musset de se juger représentatif de toute une génération; j'y vois désormais une tentative d'insister davantage sur le mot "enfant". Comme une complaisance de l'auteur pour l'enfant qu'il était encore à vingt et un ans.
En gros, si l'histoire en elle-même ne vaut pas plus de 4, le style est quant à lui quasi-irréprochable et frôle le 9. Et puisque le livre m'a fait une forte impression; parce que c'est quand même très sombre et que par conséquent cela parle à ma mélancolie, il grappille encore quelques points et décroche la note de 7. Voilà, je n'y touche plus.