Musset s'exalte le moi comme on s'astique le poireau.
Sa souffrance, sa colère, sa tristesse, il la vide sur papier, il la pleure à chaque page à grand renfort d'hyperboles geignardes et de métaphores plaintives.
Son monde n'est qu'amertume : Napoléon meurt, il le pleure. Son amour de maîtresse le trompe, il geint. Son siècle produit une génération de désœuvrés, il larmoie. Il se déprave, ses mœurs se délitent au contact de Desgenay, il s'apitoie. La luxure le déçoit par son manque de saveur et de beauté, il pleurniche. Il couche, boit, joue, fait les quatre-cents coups, il a le spleen, le blues, le vague-à-l'âme et l'âme en vrac.
Son père meurt, il fond en larmes.
Il aime George Sand, il sanglote.
Tout est prétexte aux grandes eaux, aux épanchements mélancoliques, aux rêveries teintées d'un amour idéal et inatteignable pour mieux pouvoir le pleurer. Tout n'est que romantisme exacerbé et torrents de larmes à en faire déborder la mer d'Aral.
Il le fait tellement bien, le bougre qu'on se prend à aimer son bouquin.