Une critique de la société globale dans l'acte collectif.
Résumé de l'œuvre :
Au fil de l'ouvrage, le héros tour à tour effectue une action ("je fais"), demande à son voisin de l'imiter ("tu fais"), constate qu'un autre fait la même chose ("il fait", etc.) et affirme l'action globale, puis est satisfait et repart. Il revient ensuite un peu de temps après et même, un peu avant parfois (il est omnipotent).
A mi-chemin entre la poésie et le roman picaresque, on prend plaisir en tournant les pages à voir tant d'efficience de la part du héros : bien que très bavard (ici aucune didascalie ni de description, uniquement du dialogue), c'est cependant, fait rare pour être soulevé, un homme d'action
Certes un peu répétitif, l'intérêt du lecteur se trouve néanmoins décuplé par la possibilité qui lui est offerte par l'auteur d'avoir un droit de citation infini. Louis-Michel Bescherelle est un écrivain très cité et quotidiennement, si vous faites bien attention. De nombreux auteurs (théâtre, littérature, cinéma et bien d'autres domaines) ont pillé et spolié l'œuvre magistrale de Bescherelle. Parfois à leur plus grand tort. On devrait à mon sens l'étudier à l'école.
Hélas certains lecteurs ne prendront même pas la peine de prendre ce droit. Pis, il ne feront que plagier ou enlaidir une œuvre essentielle.
On le remarquera, le petit livre rouge a tout d'un brûlot post-communiste. On chuchote dans les couloirs qu'ils serait un pilier fondateur du mouvement des Indignés, et que leurs revendications entre autres portent sur la lecture et la relecture de ce livre, sous le prétexte justifiable que son contenu est important.
Le brio de Louis-Michel dans la maîtrise particulière de la concordance des temps atteint son apogée lors du chapitre "conjuguer". La mise en abyme saisissante nous plonge dans le rêve de la langue qu'il développe dans le roman.
À noter que lors la troisième partie (ex: les chapitres "mordre", "prendre", "gésir", etc.), l'auteur prend certaines libertés et les terminaisons de ses actions deviennent quelques peu irrationnelles ou cahotiques ("que nous prissions" hum ?). Chacun s'en accommodera à la mesure qu'il convient. De même, la fin déceptive ("volleyer" et "zébrer") laissera la plupart des lecteurs dans une incompréhension et un doute quant à l'aboutissement personnel du héros.
Ouvrage pas vraiment indispensable dans une bibliothèque, il est toutefois toujours de bon ton d'en posséder au moins un exemplaire, même bien caché. Il sera utile en cas de coup dur.
Attention, l'œuvre est parfois un refuge pour les fans voire les maniaques, qui deviendront vite énervants.