Ignatius J. Reilly a 30 ans. Orphelin de père, il vit pauvrement chez sa mère qui le vénère et le couve comme un petit garçon qu’il est probablement encore. Ignatus est odieux avec elle : intransigeant et tyrannique, il a fait d’elle son esclave personnel, la conduisant de façon insidieuse dans l’alcoolisme. Oisif et hypochondriaque, Ignatus passe ses journées à ne rien faire d’autre que de s’abrutir devant la télévision à regarder des émissions idiotes qu’il déteste, à rédiger des pensées (sa vision du monde) dans carnets que personne ne lira et à surveiller son anneau pylorique qui se ferme à la moindre contrariété. Ce Don Quichotte égocentré de la Nouvelle-Orléans voue une haine farouche à la société et à l’époque dans laquelle il vit. Incroyablement érudit, il considère ses contemporains comme des crétins (sa mère comprise). Misogyne, raciste et imbu de lui-même, sa bulle finit toutefois par éclater quand sa mère a un accident de voiture et se trouve dans l’obligation de rembourser des dégâts très au-dessus de ses moyens : Ignatus est alors obligé, pour la première fois de sa vie, de chercher du travail.
J’ai été attiré par les nombreux dithyrambes qui foisonnent sur la toile à propos de cette œuvre d’exception qui consacra l’auteur d’un Pulitzer posthume en 1981. Qualifiée de chef-d’œuvre comme il en paraît peu par siècle, ce livre à fort potentiel était l’un de ceux que je désirais lire depuis longtemps. J’en attendais énormément, m’attendant à la lecture de l’année. Mais Ignatus ne m’a pas semblé drôle. Loin de là. Je l’ai au contraire trouvé déplaisant, agaçant. Je n’avais pas envie de rire, mais plutôt de lui envoyer la paire de gifles que sa mère aurait dû lui donner depuis fort longtemps. Un texte loufoque et déjanté qui aurait pourtant pu me captiver si j’avais réussi à me départir de la profonde antipathie que j’éprouvais pour ce gros bonhomme nanti de son éternelle casquette verte à rabats. Mais le récit manque cruellement de rythme : une succession de tableaux absurdes que l’auteur enchaine jusqu’à plus-soif les uns derrière les autres.
Un livre dans lequel je ne suis pas parvenu à entrer. Un train dans lequel je ne suis pas parvenu à monter : je me suis accroché vainement durant une centaine de pages avant que l’exaspération finisse par l’emporter. Ce n’était peut-être tout simplement pas le bon moment.
Déception.
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le 19 oct. 2012

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