Deux mois. Un été. Des retrouvailles. La Bretagne, l’été. Pierre, Anne, Olivier, Berthe.
Olivier revient à la maison familiale après deux années de service militaire. C’est l’été, c’est les vacances. Olivier ne pense qu’à une chose : retrouver Anne. Sa sœur, son amour. Mais, passées les retrouvailles, celle-ci lui annonce son prochain mariage. Olivier en prend en coup. Parce qu’Anne et Olivier sont des frères et sœurs qui s’aiment beaucoup, vraiment. Malsain dirait Berthe, la grande sœur complexée incapable de quitter la maison de maman. Le pire, c’est qu’Anne a choisi Pierre, le meilleur ami d’Olivier. Ce triangle amoureux aura du mal à subsister. Très vite, Pierre s’aperçoit de l’influence qu’a Olivier sur Anne. Tout manque de basculer.
Le livre repose sur ce basculement ou non, d’une situation classique de fiancés, à celle d’un couple brisé par une relation passionnelle et incestueuse. L’inceste, justement, n’est jamais tangible, seulement suggéré. C’est ainsi qu’avance la plume de Jean-René Huguenin, tout en suggestions, en petites touches, puis, soudain, surgit un cri, un hurlement qui fait valser la ponctuation. Le rythme s’accélère, on fonce, on n’y voit pas grand-chose et en même temps on voit tout, c’est un flot de mots, d’images, de sensations. La Bretagne éclate, se répand dans notre esprit en jets de couleurs, d’odeurs, de bruits.
Olivier est un personnage opaque. Son nihilisme nous fait frémir. Jusqu’où ira-t-il ? Que veut-il ? Est-ce un assassin en puissance, tant il semble vouloir Anne inanimée ? On en arrive même à se demander : au fond, quelle importance qu’elle soit tuée ? Tant qu’il parvient à savoir. Savoir ce qu’elle est vraiment. Car pour Olivier il est impossible de posséder une personne, ou de l’aimer, si celle ci vit.
Anne, Berthe et Pierre ne sont que les pantins de l’irrésistible magnétisme d’Olivier. L’une n’ose s’avouer son désir pour son grand frère, l’autre ne vit que pour le haïr, et le dernier n’est que l’ombre d’un ami qui se révèle peu à peu comme son pire ennemi.
Huguenin a écrit La Côte Sauvage deux ans avant de mourir dans un accident de la route. C’est son seul livre, salué à sa sortie par François Mauriac et Louis Aragon. Lui-même était à l’époque un ami de Philippe Sollers, les deux écrivains à qui l’on promettait le même brillant avenir.