La couleur du lait court sur à peine plus d'une année, à cheval entre 1830 et 1831. Et raconte le destin d'une fille de ferme, de la misère à l'enfer, en passant par un bref moment d'épiphanie. La trame en est relativement simple, ressemblant à celles de romans anglais du XIXe siècle. Un drame prévisible dans un décor provincial qui témoigne de la condition féminine de l'époque. Ce qui fait la différence et toute la grandeur du récit de Nell Leyshon, c'est sa forme. La narratrice est la jeune fille, elle-même, qui du haut de ses 15 ans livre avec sincérité et sans fard les événements tels qu'elle les a vécus avec son honnêteté et sa vivacité de paysanne. Un véritable tour de force que ce texte sans ponctuation écrit comme une confession dans une langue où abondent les fautes de grammaire et de syntaxe comme il est logique d'attendre d'une personne qui vient tout juste d'apprendre à lire et à écrire. Le livre est souvent drôle car cette adolescente n'a pas sa langue dans sa poche et qu'elle ne peut faire autrement que de dire ce qu'elle pense. Il est surtout poignant parce que c'est une âme pure et innocente qui s'exprime sans avoir compris que la méchanceté des hommes et du monde n'a pas de remords à piétiner la vertu et la faiblesse. La couleur du lait est une terrible leçon de vie.