« À jouer les colibris après quarante ans, on risque fort de passer pour une oie. »

La « cour des grands », c'est le monde des affaires des États-Unis, où le capitalisme crée des générations de banquiers, de conseillers financiers et de grands patrons dont le seul dieu est l'Argent. Dans ce milieu de requins, l'apparence est le vassal du consumérisme ; la cupidité et l'immoralité sont les premières conditions d'accès à la réussite.

On est en 1955, en pleine guerre froide, et déjà la vie privée des hommes politiques fait frémir l'opinion publique, avec soixante ans d'avance sur la France...

C'est sur un bateau de croisière qu'Arthur, un Français poussé par l'ambition de sa mère qui veut à tout prix le projeter dans « La cour des grands », rencontre deux Brésiliens et Elizabeth, une Américaine et fille de riche. Getulio, le gentleman malhonnête accro au poker qui dilapide et rebâtit sa fortune le temps d'une partie, monte la garde auprès de sa sœur Augusta. S'il perd tout son argent, il n'aura qu'à la marier à n'importe quel homme d'affaires richissime qui lui permettra de vivre à ses crochets...

Tandis qu'il convoite la mystérieuse Augusta cachée docilement dans l'ombre de son frère, le jeune Français fréquente Elizabeth. Leur relation s'étend au fil des mois sans que ni l'un ni l'autre n'ose déclarer ses sentiments.

La fin se devine assez vite ; vingt ans après, les personnages se recroisent, se redécouvrent, et l'amour reste impossible. Par à coup, la narration s'attarde sur le voyage en bateau, puis fait une ellipse de l'année qui suit. Après, elle s'essouffle et se contente de retranscrire les seuls événements nécessaires à la connaissance du destin d'Arthur. Enfin, les dialogues et les personnages paraissent plus alambiqués que mystérieux.

Sans mentir, il y a comme un air de déjà vu. Michel Déon met en scène M. Lambda, tout à fait identifiable en chacun de nous – et sans consistance –, confronté à Belle, une femme farouche car ravagée par un passé difficile dont elle ne s'échappe pas. Finalement, une citation résume cet amour : « À jouer les colibris après quarante ans, on risque fort de passer pour une oie. »

Alors, membre de l'Académie française ou pas, Michel Déon n'est pas convaincant. Et à l'adresse des anciens éditeurs de Folio (en 1998) : quand un livre comporte peu de suspens, il est préférable de ne pas trop en raconter.

L''intégralité de la critique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/la-cour-des-grands-michel-deon-a80136674
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le 30 mars 2012

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