A chaque fois que je lis un livre de Husserl, j’ai toujours l’impression de réviser toute sa philosophie à travers de nouvelles formulations, de nouvelles problématiques, de nouvelles configurations de sa pensée.
C’est encore le cas ici où Husserl, partant d’une considération sur l’histoire de la philosophie et des sciences, trouve l’occasion d’y faire surgir la nécessité de la réduction transcendantale.

Par ailleurs, je ne sais pas si ça résulte d’une appropriation personnelle progressive des concepts husserliens ou d'un caractère intrinsèque à l'ouvrage en lui-même, mais la lecture m’a parue plus aisée que pour d’autres essais. Oscillant entre un retour à l’histoire et une analyse en terme proprement phénoménologique, la structure de l’ouvrage permet au lecteur épuisé par l’analyse de se reposer sur des considérations historiques dont le vocabulaire et la tendance lui sont plus familiers.

Je ne veux pas ici résumer la pensée de Husserl. Mais dans la mesure où c’est sans doute la seule critique que je ferais d’un de ses ouvrages, je me permet quelques considérations générales.
Je suis toujours subjugué par la puissance de cette pensée. Pensée qui, bien que s’inscrivant dans une tradition (Descartes,Leibniz, Brentano…), en vient toujours à la dépasser pour s’établir sur un nouveau terrain. Si la phénoménologie apparait toujours chez Husserl à l’état de projet et comme un éternel recommencement, c’est parce que ce terrain sur laquelle cette pensée veut s’établir est infini. Husserl l’affirme lui même.
Certes, il propose donc dans son ouvrage une téléologie. Mais elle est sans fin, comme l’est son projet, comme l’est l’horizon des problèmes qui s’ouvre à travers la réduction transcendantale.
Partout la phénoménologie s’immisce, partout elle a sa place. On le voit ici avec l’Idée d’une psychologie phénoménologique mais on le verra aussi plus tard avec l’émergence d’une sociologie phénoménologique. A mon sens, c’est une conversion du regard; c’est l’essence même de la philosophie continentale qu’Husserl suit. Mais il le fait avec une rigueur et un espoir qui manquent aujourd’hui à nos philosophes contemporains.
Noèse
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le 18 nov. 2014

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