Voilà, encore un Modiano pur jus… Je me disais, pour rire, que je pourrais très bien ressortir ma chronique sur « Chevreuse » et juste changer quelques noms, quelques situations (et encore) et le tour serait joué !
Bien sûr j’ai adoré ce texte. Pour les mêmes raisons que j’ai aimé ses autres romans. Je ne vais pas me répéter, c’est inutile, mais je voudrais profiter de cette chronique pour tenter de préciser ce que la lecture d’un texte de Modiano produit en moi.
Il s’agit d’une sensation presque physique, une impression étrange, exactement la même que lorsque je lis « Nadja » de Breton. Avec ça, vous voilà bien avancés !
Je crois que c’est l’évocation de Paris qui est à l’origine de cela. Un rapport tout particulier que j’ai à cette ville où je suis née, que j’ai quittée à l’âge de 6 ans pour la banlieue et où j’ai fait mes études. Je suis très attachée à Paris. De façon vraiment viscérale. Et mon grand regret est de ne pas y avoir vécu à l’âge adulte. Or, la lecture de Modiano fait naître en moi des souvenirs de moments, aussi surprenant que cela puisse paraître, que je n’ai pas vécus ou que j’aurais vécus mais dans une autre vie, quelque chose de très enfoui, de profond qui m’oblige à poser le livre et à tenter de retrouver la trace de ces moments dans ma mémoire. J’ai un souvenir assez précis de mes années d’enfance à Paris et quand je lis Modiano, c’est comme si ces années remontaient à la surface et me revenaient par bouffées. Le Paris de Modiano réactive de façon très puissante des sensations passées, le souvenir de lieux traversés à la fois dans une vie qui a eu lieu, celle de mon enfance, mais aussi dans une vie qui n’a pas eu lieu. Les phrases de Modiano me laissent deviner des choses que je n’ai pas vécues (ou que j’ai vécues et dont je ne me souviens pas) et qui auraient eu lieu à Paris. Ainsi, quand je lis du Modiano, très souvent, je m’arrête pour chercher ce qu’est en train de me dire le texte sur Paris et sur moi. Je sens que c’est là, que ça remonte à la surface, que ça me dit quelque chose que je ne parviens pas à comprendre, à saisir. C’est une lecture qui provoque en moi une expérience intime singulière et vraiment étrange que j’ai beaucoup de mal à décrire.
Bon allez, je parlerai de tout ça un jour ou l’autre à mon psy…
Ce qui est certain, c’est que Modiano à Bordeaux ne m’intéresserait absolument pas…
C’est drôle quand même la littérature...
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