La Demeure Mystérieuse, daté de 1929, fait suite de l’Agence Barnett & Cie, où l’on retrouve la figure de Béchoux en policier efficace qui voit dans le personnage de Jean d’Enneris, un aventurier revenu d’un tour du monde, son ancien acolyte/rival/ennemi : Jim Barnett.

On a donc une sorte de suite agréable pour le lecteur, mais dont j’ignore la portée, n’ayant pas lu les aventures de Jim Barnett.


Le texte est original et propose une enquête très différente de celles que nous lisons habituellement. Je vous rassure que je ne vous spoilerai pas vraiment le texte. Il s’agit simplement de résumer le texte des premiers chapitres.

Premier chapitre, Régine Aubry, mannequin portant un corselet de diamant inestimable est kidnappée à l’opéra lors d’un défilé de mannequins. Elle est relâchée quelques heures après. Jean d’Enneris est un de ses amis (qui lui fait la cour) qui est présent sur place et la retrouve le soir.

Second chapitre, Arlette, une mannequin modeste mais très belle, qui était présente durant le défilé du premier chapitre, se fait à son tour kidnappée par les mêmes personnes. Elle parvient à s’échapper.

Jean d’Enneris, dans le troisième chapitre, décide d’aider les deux femmes. Très rapidement il retrouve le lieu, la famille coupable et tout se conclut pour le mieux. Sauf que c’est là que l’enquête commence réellement : d’Enneris découvre que la famille est innocente et il faut donc comprendre comment un tel complot a pu avoir lieu, aussi bien dans sa manière d’être mise en place, que dans les intervenants qui l’ont réalisé.


C’est donc une sorte d’enquête inversée, dans le sens où l’on doit se départir des coupables présumés que tout indique pourtant, pour revenir vers les véritables et les trouver de nul part.


Je suis assez content pour ma part, c’est l’une des premières histoires que je lis de Lupin où j’arrive très tôt à deviner la résolution de l’enquête et à trouver plusieurs pistes.

On regrettera toutefois que cette facilité de deviner le véritable coupable vienne d’une tendance fainéante d’écriture de Maurice Leblanc : Arsène Lupin a toujours raison.

A ce propos, on regrettera que derrière ces figures de d’Enneris et de Barnett, Lupin lui-même semble disparaître dans le récit. On perd le côté incroyable, grandiose du personnage trop souvent dans le récit je trouve.


On appréciera néanmoins que d’Enneris n’use pas des mêmes techniques habituelles, que Maurice Leblanc ne sombre pas dans tous ses tics d’écriture habituels (par exemple on a très peu de moments d’écoute, on n’a que peu de voyages en voiture et celles-ci ne traversent pas l’Île-de-France, on a quasiment aucun affrontement).

Je trouve aussi que Béchoux est un policier vraiment intéressant, qui a une relation avec d’Enneris parfaitement agréable à lire. Ce n’est pas un personnage inutile, loin s’en faut.

De même, j’ai beaucoup aimé que pour une fois on accepte que les amours de Lupin ne durent pas (et ne peuvent durer). Enfin, notons que l’on a une forme de rédemption du coupable qui n’est pas dénuée de charme et qui, dans le récit de Lupin, semble même être le seul chemin possible et évident pour le personnage.


Une aventure agréable, peut-être pas la meilleure pour moi, mais une de celles qui m’auront le plus marquée dans le sens où j’arrive à la résoudre en grande partie tout seul.

mavhoc
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le 18 août 2024

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mavhoc

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