Le corps de Jürgen von Geyersberg, riche héritier de Souabe et chasseur expérimenté, est retrouvé décapité et castré dans la forêt de Trusheim en Alsace. Le commandant Pierre Niémans et son associée Ivana Bogdanovic sont envoyés dans la région pour enquêter.
La dernière chasse est un thriller de Jean Christophe Grangé publié en 2019.
Plutôt fan des romans horrifiques de Grangé, je suis assez bon public s'agissant des histoires épouvantables sorties de son imagination dont la trame défie parfois la logique la plus élémentaire.
Avec La dernière chasse, j'ai pourtant trouvé que l'auteur des Rivières pourpres et du vol de cigognes "marquait le pas" en matière d'inspiration.
Le livre raconte l'enquête du duo d'enquêteurs français, Pierre Niemans (Le personnage principal des rivières pourpres) et de son adjoint, Ivana Bogdanovic. Ces derniers vont investiguer auprès de la famille allemande von Geyersberg et de Laura, unique héritière d'un empire de 10 milliards d'euros.
La dernière chasse est assez prévisible dans le déroulement de son scénario et moins soigné dans la succession des rebondissements que les précédents romans de l'auteur.
Grangé s'évertue à compliquer le propos en incorporant dans l'intrigue un peu de génétique canine, des flashbacks sur la deuxième guerre mondiale en Allemagne, confondant d'ailleurs au passage les Sonderkommandos (Unités de travail dans les camps d'extermination, composées de prisonniers, juifs dans leur très grande majorité, forcés à participer au processus de la solution finale_cf Le fils de Saul ) et les Einsatzgruppens (Unités d'extermination des sections de sécurités qui éliminèrent des centaines de milliers de civils dans les villages des pays de l'est durant la "poussée allemande" vers la Russie à partir de 1941). Compte tenu que l'auteur évoque beaucoup les Sonderkommandos alors qu'il vise des unités d'extermination, cette confusion qui constitue un contresens finit par "sauter" aux yeux du lecteur.
En tout état de cause et si comme moi vous n'aimez pas la chasse, vous apprendrez avec ce livre toutes les modalités et tous les raffinements de cette activité cruelle. On y parle beaucoup de la Pirsch (où chasse à l'approche, considérée comme " un art noble" par les pratiquants...).
La dernière chasse parle de chiens agressifs, les Roetkens, sorte de molosses noirs féroces qui faisaient partie de l'arsenal des unités d'extermination nazies qui n'auraient pas, dans cette fiction, complètement disparu avec leurs maîtres lors de la fin de la guerre. Les Roetkens étaient utilisés par la brigade Dirlewanger, une unité de lutte anti-partisans rattachée à la SS, incorporée en 1945 dans la Waffen-SS, souvent composée de repris de justice ou de prisonniers de guerre libérés.
Leurs nouveaux maîtres se baladent aujourd'hui en Norton pour semer la pagaille dans la région de Fribourg où l'auteur fait d'ailleurs deviser son duo de policiers devant "la maison de la baleine", star monumentale gothique du film Suspiria de Dario Argento.
Le roman parle aussi d'adoptions d'enfants par la famille Geyersberg , de son esprit d'entreprise un peu particulier pour sélectionner les meilleurs et on revient sur les jeunes années, pas vraiment heureuses, de Pierre Niemans.
Même s'il s'agit d'une fiction, La dernière chasse dresse le portrait d'une Allemagne toujours prisonnière de ses démons eugéniste.
A l'instar du duo Lucie Henebelle/Sharko de l'univers de Franck Thilliez, Pierre Niemans et Ivana Bogdanovic deviendront ils des personnages récurrents des prochains bouquins de J.C Grangé....l'avenir nous le dira...
Ma note: 5/10