Écrivain relativement prolifique, le Brésilien Bernardo Carvalho a publié quelques romans d'excellente facture, comme par exemple Ta mère. dont l'action se situe en Russie. Avec La dernière joie du monde, il a écrit un ouvrage court qu'il qualifie lui-même de fable mais qu'il est en définitive assez difficile à catégoriser. Sans doute est-ce l'observation de la pandémie et du confinement qui l'a incité à se pencher sur l'état mental et moral du Brésil mais la dystopie qu'il décrit, en un temps où un virus fait des ravages, est surtout marquée par des questions bien plus que par des réponses, quitte à laisser ses lecteurs circonspects, voire totalement désemparés devant un livre qui cultive une certaine opacité. La femme qui y occupe la place centrale entreprend avec son enfant un voyage à l'intérieur du pays afin de rencontrer un voyant, lequel a tout oublié de son propre passé mais est capable de lire l'avenir. Toutefois, ce sont d'autres histoires, inquiétantes, qui viennent peu à peu contaminer l'intrigue principale qui cesse de l'être. C'est comme si l'écrivain Bernardo Carvalho se demandait si la fiction a encore un sens dans un monde malade, qui a perdu toute boussole et se dirige vers un avenir incertain. Mais ce n'est qu'une interprétation devant cette fable que certains qualifieront peut-être de géniale alors que d'autres la trouveront énigmatique et hermétique. Disons, pour trancher, qu'elle laisse très dubitatif.


Un grand merci à NetGalley et aux éditions Métailié.

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le 4 janv. 2024

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