Anatomie d'une épidémie
Une sensation de vertige étreint pendant la lecture de ces six cent pages. Impossible de ne pas y voir des échos de ce que nous avons vécu il y a cinq ans avec la COVID-19. Ce n'était pas prévu (le...
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le 1 mars 2025
Une sensation de vertige étreint pendant la lecture de ces six cent pages. Impossible de ne pas y voir des échos de ce que nous avons vécu il y a cinq ans avec la COVID-19. Ce n'était pas prévu (le livre fut édité en 2006) mais ça file à travers le récit imaginé par Thomas Mullen. Qui nous ramène un siècle en arrière, en 1918 précisément, alors que la première guerre mondiale se poursuit et qu'une mystérieuse épidémie fait des ravages un peu partout dans le monde. Commonwealth, une petite ville industrielle du nord ouest des États-Unis, prend la décision radicale de se mettre en quarantaine et à interdire l'accès à toute personne extérieure. Sauf que...
Si le roman arrive après son excellente trilogie policière située à Atlanta alors qu'il lui est antérieur, Mullen démontre qu'il excellait déjà à plonger son récit dans l'Histoire avec un impressionnant souci du détail. La Dernière ville sur Terre n'est pas un "mystery novel", c'est un drame historique intense. La lecture est à la fois fluide et difficile. L'écriture parvient brillamment à créer une atmosphère pesante et confère énormément d'humanité à ses personnages principaux. En parallèle, il fait quelques rappels très utiles liés aux objecteurs de conscience pendant une entrée en guerre pas si populaire, les dérives autoritaires de la conscription et la lutte syndicale entre les ouvriers et le patronat (qui renvoient aux travaux monumentaux d'Howard Zinn par exemple). L'intrigue se déploie à travers plusieurs protagonistes en développant les thématiques d'exclusion et de culpabilité alors que la situation échappe peu à peu à tout contrôle. Mullen a l'intelligence de ne pas ménager un lecteur en le maintenant dans un brouillard moral diffus. Il faut accepter de suivre des protagonistes qui doutent, se trompent et in fine détricotent le tissu social qui les unissait les uns aux autres.
Certains des questionnements font directement écho aux décisions prises collectivement en 2020 et à leurs conséquences sur les ménages, les interactions sociales et l'industrie,...L'œuvre se gardera bien de trancher, nous laissant seuls juges des actions de tel ou d'untel. Ce qui vous vous en doutez ne sera pas une mince affaire. Le roman a en plus la force de terminer sur une note qui sied idéalement à cette ambiance désespérée et fataliste. Décidément, Thomas Mullen se taille une réputation de plus en plus imposante. Rivages ne s'y est pas trompé en l'élevant parmi ses nouveaux auteurs phares. La Dernière ville sur Terre confirme que Mullen est parfaitement adapté à une époque où fiction et didactisme peuvent aller de pairs pour éclairer notre présent.
Créée
le 1 mars 2025
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Une sensation de vertige étreint pendant la lecture de ces six cent pages. Impossible de ne pas y voir des échos de ce que nous avons vécu il y a cinq ans avec la COVID-19. Ce n'était pas prévu (le...
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