Peut-être que La Deuxième Mort de Ramon Mercader n'est qu'un simple roman - certes écrit avec une virtuosité qui ne se fade aucunement jusqu'à la dernière page - d'espionnage, mais il se peut que les coïncidences en jugent autrement.

Ramon Mercader, difficile d'affirmer que le nom ait été choisi au hasard. D'ailleurs, la préface de Jorge Semprun nous alerte astucieusement: "Les événements dans ce récit sont tout à fait imaginaires. Bien plus : toute coïncidence avec la réalité serait non seulement fortuite, mais proprement scandaleuse."

Deux trames temporelles, donc, marquent ce récit. Mais est-ce seulement un récit ? Car l'auteur - qui résidait en Espagne avec sa famille en 1936 - semble nous livrer une prestation ambiguë. Ramon Mercader, espion travaillant pour les services secrets soviétiques, se rend à Amsterdam pour semble-t-il une bénigne rencontre contractuelle, en sa qualité de directeur adjoint d'une société de commerce espagnole. Un récit, oui, mais aussi un peu de biographie pour celui qui siégeait au Parti Communiste Espagnol.

Une intrigue qui se noue au gré des manœuvres de ces acteurs de l'ombre que sont les services de renseignements. Soviétiques, français, espagnols, américains ou allemands de l'est, tous se mêlent à Amsterdam - que ce soit devant les Vermeer du Rijksmuseum ou dans les petits bistrots du quartier du Spui - dans une rumeur confuse d'écoutes téléphoniques, de filatures, de télégrammes codés... Et pourtant une seule interrogation s'impose à tous les esprits présents: Ramon Mercader, vraiment ?

Car voyez-vous, Ramon Mercader, c'est quand même un nom. Difficile de ne pas penser à Mexico, 20 août 1940. Peut-être que ces jumeaux Mercader sont l'évocation d'un régime soviétique né de la révolution et vivant de la stagnation, tant celles des hommes que des idées. et surtout, l'impasse dans laquelle se trouve les anciens agents de la Révolution. Non, vraiment, toute coïncidence avec la réalité serait fortuite.

Ramon Mercader, - vraiment, quelle idée ce nom ! - est donc retrouvé suicidé dans sa chambre d'hôtel. Si l'intrigue se délie progressivement, le passé n'en est que plus noir, la mort plus présente. Toute ressemblance avec la réalité serait scandaleuse. Oui, vraiment. Car, on ne meurt plus, à présent.
Kwintenko
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le 27 juil. 2014

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