Evoland II : A Slight History of Video Games

Fort de leur premier galop d'essai avec Evoland premier du nom, sorti en 2013, l'équipe francaise de Shiro Games cherche donc à confirmer avec une oeuvre autrement plus ambitieuse. Le concept reste cependant le même: le scénario gravitant autour des voyages temporels, ces derniers seront prétextes à nous transporter à travers l'histoire du jeu vidéo. Si le premier opus restait limité en terme de longévité et de contenu, Evoland II offre cette fois un univers riche dont l'histoire principale nécessite une petite vingtaine d'heures de jeu.

Ainsi, le principal argument d'Evoland II est évident dans la succession des époques graphiques et dans la multitude des gameplay proposés. Le personnage principal sera donc transporté à travers les âges, depuis le 8 bits jusqu'à la 3D. Bien qu'essentiellement orienté action-RPG, le jeu nous offre d'intenses phases de Shoot'Em Up, de plates-formes ou même de combat à la Street Fighter. L'aspect ''anthologique'' est donc un pari gagnant et on se laisse souvent à sourire des différentes références (qui nécessite évidemment d'avoir pu passer quelques heures de jeu sur ses différentes muses).

Cependant, la force d'Evoland II constitue dans le même temps sa faiblesse. Si la succession d'expériences vidéoludiques est dans un premier temps excitante, elle peut devenir - à force de répétitions - quelque peu fade. En effet, l'attractivité du concept n'occulte pas totalement le manque d'originalité de l'histoire. Au-delà d'un aspect retrospective enthousiasmant pour les vieux gamers, le scénario et le gameplay propre au jeu est très classique. Il faut toutefois souligner que la grande majorité du gameplay - le coeur action-RPG de l'histoire - est bien réalisé.

Les changements d'époques sont particulièrement bien ficelés et sont savamment dosés dans la première partie de l'intrigue, car imposé par l'arc scénaristique. Par la suite, le changement d'époque étant à la charge du héros - seul un aller-retour dans le futur peut vous aider à résoudre une énigme du passé, à vous d'imaginer les conséquences de tellle ou telle altération du temps - les allées et venues peuvent se réveler ennuyantes voire franchement pénibles. Petit détail mais qui a son importance quand l'immersion se révèle un critère déterminant pour une expérience de jeu optimale: l'interface ne suit pas les modifications graphiques liées aux changements d'époques. Un peu dommage donc de se retrouver avec une interface pixellisée quand l'environnement propose une 3D convaincante.

Les personnages sont attachants et la qualité de l'écriture des dialogues est à noter. Cependant, on ne peut qu'éprouver une pointe de déception devant la place qui est laissée à nos compagnons d'aventures face aux obstacles que rencontre Kuro. En effet, ceux-ci ne se manifesteront que sous la forme d'une capacité spéciale unique - des interventions trés situationnelles au final.

Enfin, la bande son laisse de son côté une impression mitigée. Si la plupart des morceaux sont entrainants et adaptés aux différentes phases de gameplay, ils se révèlent toutefois très courts et se montrent donc répétitifs dès lors que le niveau s'éternise.

En somme, Evoland II fait office de ''documentaire'' de l'histoire du jeu vidéo, l'histoire n'étant clairement qu'un leitmotiv à un inventaire des plus réussis des titres ayant marqués nos consoles (ainsi que nos âmes de joueur). On se laissera donc bercé par l'efficacité du concept et immergé par la richesse des gameplay, ces deux points justifiant largement les quelques faiblesses de l'opus.