Il court, il fuit, il survit. Il se cache, il disparaît, il voyage vers la liberté. Voici Josef Mengele, médecin nazi à Auschwitz, véritable génie de la médecine du Troisième Reich. Mais l’Allemagne nazi a perdu la guerre, et comme d’autres nazis, Mengele doit fuir pour sa survie. Et son récit, sa fuite… est inintéressante.
La Disparition de Josef Mengele est une véritable mine d’information concernant le parcours de l’ancien nazi après la Seconde Guerre Mondiale. Il n’y a qu’à voir les sources pour se rendre compte à quel point l’auteur est documenté et prêt à servir le livre le plus complet sur l’histoire de Joseph Mengele, l’homme le plus recherché de son époque. On sait exactement où se trouvait Mengele, ce qu’il faisait et sa situation à n’importe quel moment de sa fuite.
Cependant, bien que le récit de sa fuite soit complet et très détaillé, la trame du livre demeure tristement plate. On connait le parcours de Josef Mengele, mais on ne sait rien de lui. Le portrait que tisse l’auteur est vide. On nous explique dix fois qu’il a une moustache, mais on ne connaîtra pas la couleur de ses yeux, ni-même sa taille (ni rien d’autre de son physique). C’est un nazi extrémiste, raciste et convaincu par la thèse de la race supérieur, mais de son caractère, on ne saura qu’une chose, c’était un homme tyrannique et très orgueilleux. Josef Mengele est une crapule insupportable que l’on rêve de voir capturé par ses ennemis. A aucun moment, le récit n’apporte de réflexion sur la nature du personnage, se contentant simplement de lister ses actions. Le personnage est détestable, et on ne prend aucun plaisir à le suivre dans ses aventures.
Quant aux péripéties en elles-mêmes, elles ne sont pas vraiment palpitantes. Cela peut paraître surprenant, mais la fuite de Josef Mengele ne prend son sens que dans les dernières pages du livre. Dans la première moitié, celui-ci coule des jours heureux en Argentine, protégé par le président Perón aux côtés d’autres nazis tel qu’Eichmann (la dualité entre les deux hommes demeure intéressante). C’est finalement dans la seconde partie où le nazi subit réellement les conséquences de son rôle au sein du Troisième Reich. Cela n’empêche, les péripéties demeurent très creuses. Mengele cohabite avec une famille d’Autrichien et se montre tyrannique comme à son habitude. Il reste dans son coin, et ne bouge pas ! Il ne fait rien. A ce moment-là, on a alors la triste sensation que le livre n’a pas grand-chose à raconter.
Heureusement, les dernières pages viennent sauver le livre notamment avec l’arrivé du fils de Joseph Mengele avec qui il entretient une relation conflictuelle particulièrement réussie. Le fils qui regrette que son père soit un nazi, tandis Mengele regrette que son fils ne partage pas ses idéaux nazis. Et enfin le livre remet en question les convictions de Josef Mengele sans pour autant faire évoluer le personnage. La troisième et dernière partie (bien que très courte) résume très bien ce qui s’est passé dans le monde après la mort de Mengele dans un style très documentaire.
C’est ça la particularité et en même temps le défaut du livre. Celui-ci prend un style documentaire. L’auteur veut raconter le parcours de Josef Mengele, de sa fuite de l’Allemagne en 1945 à sa mort en 1979. C’est plein de renseignements, soit.
Mais, le livre peine à s’approcher de la personnalité de Josef Mengele. On retient au final, un personnage creux, antipathique, à des années lumières de ce qu’à put faire Robert Merle avec la psychologie de Rudolf Hoëss dans son passionnant La Mort est Mon Métier. La Disparition de Josef Mengele est un livre plein d’information et très bien documenté, mais demeure un ouvrage peu prenant et ennuyeux. Si vous êtes passionné par le parcours des nazis après la Seconde Guerre Mondial, ce livre pourra vous intéresser, sinon, passez votre chemin.
(Critique écrite pour le Goncourt des Lycéens)