A la frontière du roman et du récit, Olivier Guez retrace ici le parcours de Josef Mengele, tristement célèbre pour ses agissements en tant que médecin à Auschwitz, après sa fuite à la chute du IIIe reich. Ayant trouvé refuge en Amérique du Sud comme nombre d'anciens dignitaires nazis, le lecteur suit le médecin déchu de pays en pays au rytme d'une molle traque des autorités internationales.
Ne connaissant pas bien cet aspect de l'Histoire, cette lecture m'a permis de combler cette lacune, me faisant par exemple réaliser avec consternation que Michel Hazanavicius n'a pas forcé le trait tant que ça quand il s'agit de mettre en scène la bonne société nazie dans OSS117 Rio ne répond plus... N'offrant aucune prise pour la compassion, le récit de vie du détestable docteur Mengele n'a été pour moi que source de dégoût et d'indignation, tant pour ses actions et sa lâcheté que pour l'indifférence générale dans laquelle il termine sa vie.
Dans l'ensemble le récit, quoi qu'intéréssant car bien documenté, m'a semblé trop journalistique et les excursions plus romanesques dans la dimension personnelle de la vie de Mengele gâchées par un certain manque de finesse. Le "roman" d'Olivier Guez a néanmoins le mérite, notamment grâce à une conclusion aussi brève qu'efficace, de nous amener à nous demander in fine quel est le prix de nos convictions. Le hic reste qu'à mes yeux Eric Vuillard a atteint le même résultat de manière plus brillante un peu plus tôt dans l'année.