Divin.
Quels superlatifs employer pour faire honneur à la Divine Comédie ? Quels termes seraient les plus appropriés pour évoquer la somptuosité et la richesse de cet immense poème ? La tache est plus que...
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le 17 sept. 2014
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Quels superlatifs employer pour faire honneur à la Divine Comédie ? Quels termes seraient les plus appropriés pour évoquer la somptuosité et la richesse de cet immense poème ? La tache est plus que difficile. Car l’œuvre de Dante est une des plus magistrales de la civilisation médiévale chrétienne, un emblème de la pensée d'une époque dont il est un puissant témoignage... et une de mes plus grandes claques de lecteur curieux.
La Divine Comédie, c'est la Quête Initiatique ultime, un voyage fantastique, allégorique d'une richesse rare.
Une œuvre qui ne se lit pas à la légère, ni en diagonale, mais qui se savoure doucement, lentement, tant la beauté des vers mérite moult relectures. Mais aussi parce que l'ancienneté du style et les très nombreuses références à la religion, à la tradition gréco-latine, et à l'Italie tourmentée de l'époque nécessitent d'incessants passages par les indispensables annotations (je recommande donc l'édition des Œuvres Complètes de Dante, édition "la Pochotèque", dans laquelle les annotations sont directement en bas de page, et dont l'achat est au final moins couteux que l'acquisition séparée des trois parties).
Certes, ce poème pourra paraître extrêmement lourd et difficile d'accès pour le lecteur d'aujourd'hui. Le "voyage" est émaillé de nombreuses rencontres entre Dante et différents personnages (des figures mythologiques et historiques, des plus célèbres aux plus obscures) qui donnent lieu à des échanges savants. Mais bouder la Commedia serait passer à coté d'un récit magistral,perle éternelle du patrimoine de l'Humanité.
L'Enfer est la partie la plus célèbre et sans doute la plus accessible. Un périple vers les profondeurs d'un enfer hiérarchisé avec génie entre les différents péchés. De la traversée de l'Achéron à l'ultime rencontre avec Lucifer en personne tourmentant à jamais les trois grands Traîtres, les 34 chants d'Inferno sont une aventure fantastique vers l'obscurité la plus noire. Elle fourmille de détails macabres, de démons et de monstres, de descriptions d'obscurs édifices, bercées par hurlements des damnés.
Au Purgatoire, on s'extirpe des Profondeurs pour cette fois, se diriger vers le Ciel. Traversée des sept girons bercée par les chants des âmes en quête de rédemption, elle est une montée troublante pleine de paradoxes, entre espoir, félicité souffrances, et châtiments... se plaçant ainsi idéalement à mi chemin entre l'Enfer et le Paradis.
Le Paradis, enfin, sera pour la majorité des lecteurs la partie la plus complexe à la lecture, tant elle est riche en de nombreuses références théologiques, interventions de figures emblématiques de la Chrétienté, interrogations, réflexions et critiques savantes sur l'Homme et la religion.
Pourtant, même s'il nécessite un certain bagage culturel en histoire et en théologie (il existe, heureusement, de très bonnes éditions richement annotées, comme je l'ai mentionné plus haut) afin d'être lu autrement que pour l'inutile fierté d'affirmer "j'ai fini la Divine Comédie !", Paradiso sait subjuguer par sa transcription merveilleuse du Grandiose. La traversée des Sept Cieux des planètes, du Ciel des Étoiles puis du Cristallin, et l'arrivée ultime dans l'Empyrée, sont décrites avec une incroyable majesté; un univers rempli d'âmes en transe, d'anges innombrables et de lumières éternelles.
En dehors de son intérêt historique inestimable, la Divine Comédie sait encore nous parler de nos jours, et ce quelques soient nos opinions religieuses ou notre niveau d'érudition. La lecture peut se faire sur différents niveaux, et chacun a matière à y trouver son compte.
Que ce soit par le déploiement de l'imagination de l'auteur et ses inoubliables descriptions, la qualité de l'écriture ou la richesse du propos, la Divine Comédie fascine, et peut nous interroger sur notre propre quête.
Cette petite critique de ma modeste personne est évidemment bien loin de l'analyse complexe par un lettré bien plus au fait de l'histoire, de la religion et de la littérature classique que mérite cette œuvre (étudiée depuis des siècles par les plus brillants esprits), que je devrai relire régulièrement, au fil de mes autres lectures et réflexions personnelles, afin d'en saisir toute la substance. Mais peut-être, justement, motivera t-elle certains à se lancer.
Des beaux arts au cinéma en passant par la musique, sans oublier les jeux vidéos, les transcriptions et références à cette œuvre sont innombrables. Ainsi, la Divine Comédie est éminemment célèbre et citée à foison ... mais au final bien peu lue.
Osez vous plonger dans cette œuvre grandiose : l'aventure n'est pas des plus aisée, mais elle en vaut o combien la peine.
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Créée
le 17 sept. 2014
Modifiée
le 24 janv. 2011
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