Hans Van Meegeren, né aux Pays-Bas en 1889, reste dans l'Histoire comme le plus célèbre faussaire d'art. Il ne s'est pas contenté de copier des toiles célèbres, il a tout bonnement créé des tableaux n'existant pas. En ce premier quart du XXe siècle, cet artiste talentueux étrillé par l'ensemble des critiques – qui ne pouvaient souffrir son mauvais caractère et le tenaient pour un peintre raté – décida de se venger en prouvant que les critiques n'étaient que des incompétents imbus d'eux-mêmes et que la renommée et le talent d'un peintre ne tenaient qu'à leurs jugements partiaux et arbitraires.
Alors que le monde redécouvrait Vermeer, peintre de géni peu considéré de son vivant et tombé dans l'oubli depuis sa mort en 1675, Van Meegeren a l'idée de créer des faux tableaux en s'inspirant du maître de Delft : il copie sa technique, utilise les mêmes pigments, préparés de la même manière, peint sur d'authentiques toiles de l'époque trouvées chez des antiquaires. Il ne copie pas l'œuvre existante et déjà sortie de l'ombre, il se substitue à l'artiste et poursuit son œuvre en peignant des toiles que celui-ci n'a jamais peintes. Et la supercherie fonctionne bien mieux que ce que Van Meegeren espérait. Tous les plus grands spécialistes mondiaux s'y laissent prendre et authentifient les œuvres comme étant des Vermeer. Elles atteignent des sommes folles et les collectionneurs se les arrachent. Les musées nationaux hollandais acquièrent le premier faux de Van Meegeren (Le souper à Emmaüs) pour 520.000 florins et lui accorde la place d'honneur. Cette frénésie, cette précipitation s'explique grâce à l'engouement important et subi des passionnés pour Vermeer, mais aussi par le spectre du nazisme arrivé au pouvoir en Allemagne. Les Nazis, en effet, pillent les pays qu'ils occupent. Les toiles de Vermeer, considérés comme de véritables trésors, doivent impérativement être rapidement mises à l'abri et beaucoup sont exportées aux USA. C'est donc une course contre la montre. On cherche, on examine, on certifie, on achète et on exporte le plus rapidement possible. Van Meegeren profite de cette précipitation.
Ce livre ne m'apparaît pas comme un roman. C'est d'un essai qu'il s'agit. Le croisement des biographies de Vermeer, de Van Meegeren, de Goering et de Proust réalisé par l'auteur pour décrire ces évènements est un travail particulièrement minutieux. Le livre fourmille de dates : dates de naissance, de décès, de vente, d'exposition... Les dizaines de noms, d'acheteurs, de collectionneurs, de critiques, de peintres, de lieux... Difficile souvent de s'y retrouver. J'imaginais durant ma lecture, me trouver dans une salle obscure écoutant un homme sur l'estrade exposant d'un ton docte et savant les péripéties qui ont conduit à ce retentissant procès de 1947. J'avoue m'être plus d'une fois perdu : j'ai même manqué d'abandonner au milieu. Mais j'ai tenu bon et j'ai réussi à achever ce livre très instructif grâce auquel j'ai appris beaucoup de choses.
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le 22 juin 2012

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