Dans la campagne helsinkienne, il y a une maisonnette rouge avec son sauna, comme il se doit. C’est la veuve du colonel Ravaska qui y vit. Elle pourrait y passer paisiblement ses derniers jours, si, tous les mois, il n’y avait ce fichu « jour de paie ». Ce jour-là, la colonelle va retirer sa pension à la banque et, pour son plus grand malheur, c’est ce jour-là que débarquent son neveu et ses deux acolytes.
Grossiers, sans gêne et j’en passe, ils sont surtout intéressés par le pactole de la vieille femme. Comment mettre fin à ces visites détestables qui rendent la vie de la brave femme insupportable ? Lorsqu’ils tentent de lui faire signer un testament en leur faveur, c’en est trop. Elle décide de rejoindre son médecin à Helsinki, celui qui fut jadis un amant attentionné.
L’éloignement ne rend pas pour autant sa vie facile, elle décide alors de ne pas tomber à nouveau entre les mains de son neveu. Aussi se lance-t-elle dans la concoction d’un poison qui abrégerait sa vie avec efficacité. Un concours de circonstances, comme souvent chez Arto Passinlinna, va faire changer la terreur de camp.
Humour, cynisme, cruauté et incompréhensions : voilà bien le mélange délicieux qui va régaler le lecteur. Nous retrouvons également dans ce récit de nombreux points de culture finlandaise comme ses guerres, ses relations entre les individus et l’idée que les Finlandais se font de leur pays dans le concert des nations.
Dans La douce empoisonneuse, le rythme propre et envoutant de l’auteur, les approches excessives de cette confrontation des générations, la densité du texte, tout cela a ranimé en moi la joie que j’avais connu avec Le Lièvre de Vatanen et Petits suicides entre amis. Une fois encore l’alcool change la perception de la réalité, mais cette déformation est tellement agréable.