La Douce Empoisonneuse par Julie_D
La sincérité est ce qui fonctionne le mieux en fiction, tout au moins ce que j'ai tendance à rechercher en premier lieu. C'est une dimension qui rend crédible et fonctionnelle toute histoire, si délurée ou improbable puisse-t-elle être.
C'est le cas ici dans La douce empoisonneuse, par la formidable capacité de l'auteur à peindre des êtres humains parfaitement méprisables sans les mépriser lui-même, nous faisant visiter leurs pensées avec une précision et une justesse de ton remarquable, rendant logiques les raisonnements les plus abjects et laissant le lecteur seul juge.
Alors certes, il y a quelque chose de rocambolesque si ce n'est de parfaitement invraisemblable dans le déroulement des événements, mais peu importe. Chaque personnage est si réel que les motivations d'ordres humaines sont toujours parfaitement compréhensibles, coulent de source. Seul le hasard (le destin ?) se permet de n'en faire qu'à sa tête, et ça c'est une bienheureuse prérogative de l'auteur.
Outre son talent à créer des personnages, ce dernier se caractérise par un humour noir truculent (qui n'a pas été sans me rappeler le film The Ladykillers de Mackendrick) et un sens de la mise en scène jubilatoire, jusqu'à une fin amorale et inattendue. Derrière l'histoire, Paasilinna dessine une société finnoise imparfaite et parfois cruelle, mais là encore, sans jamais la juger, et surtout, sans subordonner ses personnages et son intrigue à une quelconque volonté de dénonciation. Si La Douce empoisonneuse n'est pas sans faire réfléchir et dire beaucoup de choses, c'est avant tout un pur plaisir de lecture, car ce petit roman semble avoir été un pur plaisir à écrire.