La Parisienne dans son boudoir comme le general sur le chemin du desert

Ce petit roman presente un tableau social de l'epoque en ses contradictions de jeux de miroir. Fait de zeugmas et de chiasmes. Balzac...Moliere...Rabelais peut-etre
Un extrait suffit:

**Texte en gras**La duchesse epongerait l'amour sur ses joues comme elle en ote le rouge. Nous connaissons ces sortes de femmes , la Parisienne pure. As-tu jamais vu dans les rues une grisette trottant menu? "Sa tete vaut un tableau": joli bonnet, joues fraiches, cheveux coquets, fin sourire, le reste est a peine soigne. N'en est est-ce pas bien le portrait?

Beau recit sur le Faubourg Saint-Germain...dans la tempete de l'histoire C'est un roman genial - eponyme, histoire d'un personnage feminin et le tableau d''un decor, celui du Faubourg Saint-Germain qui est inextricablement lie au personnage de la Duchesse, representee comme la vraie Parisienne du milieu de ce faubourg aristocratique- son histoire se reflete dans sa vie. De ce fait , elle incarne ses lois et ses moeurs. C'est l'histoire de l'amour entre ce type parisien , nomme La duchesse de Langeais, fille du duc de Navarreins, femme du duc de Langeais et celui du general ,Armand de Montriveau, soldat napoleonien, homme energique et devoue, cale en aventures et batailles du desert, venant de la famille de soldats. Un homme qui s'eprend sincerement de l'image envoutante de la Parisienne que represente Antoinette . Elle doit tenir bien son role de la femme respectueuse des lois du salon et de l'aristocratie de 1815 qui n'est pas la meme de l'ancien regime. Des pages descriptives sont donnees pour peindre l'epoque qui veut garder une autorite ancienne sans avoir de la consistance, de la fermete et du savoir-faire en tant que classe dirigeante. Elle s'appuie trop sur la religion sans sincerite , sans souplesse, dans le monde qui change. . Armand et Antoinette, deux personnages litteraires de cette epoque qui vivent une histoire d'amour et chacun d'eux la voit selon sa propre position . Elle , comme une belle aristocrate, mariee ,jalouse de son propre statut et lui comme un soldat aux exploits merveilleux et qui voit dans cette conquete possible l'image de son destin du general de Napoleon. Leur position est differente, car ils sont differents. L'affectation et la minauderie qui vont jusqu'a embrassant une foi religieuse qui lui servent d'arme contre le coeur d'un cote et la sincerite des sentiments et les gestes un peu frustes et bon enfant de l'autre cote. Ensemble ils font tout ce qu'il y a de contraire dans Le Fauboug Saint-Germain de l'epoque. Leur amour sera celui de la Restauration, image d'exploits et de beaux sentiments mais polis et polices en gardant les apparences. Car si on echoue c'est la societe qui juge de facon morale et implacable les fautes de comportement. Antoinette represente le feminin, ou La femme de la haute societe est jugee par ses gestes, ses gestes devant etre irreprochables, en gardant les apparences, elle donne l'amour sans veritablement se donner. Et Armand, comme soldat au bout de son desert et son exploit, veut cette lumiere qui est le prix ultime de son devouement.
Arment et Antoinette - des contraires ils sont en antithese l'un et l'autre. Elle comme une femme, exigeant son obeissance qui est en meme temps sa propre liberte, lui, tel un chevalier, malheureux dans cette situation et de ce fait proie a une manipulation d'un tiers veut montrer son acte de bravoure.
Roman d'un amour impossible . Ne touchez pas a la Hache. Image de societe desagregee ou chacun vit une image de soi, de ses propres esperances - Antoinette dans son boudoir au sein de la religion catholique qui lui sert d'arme, sa propre arme, sa douceur elle devient douceur ferme, Armand , romantique et resolu, represente une autre vie , celui d'une subjectivite individualiste qui donne la valeur en s'appuyant sur ces propres actes.
C'est tres beau recit d'un tableau parisien des moeurs qui changent et de l'impossiblite de vivre un monde deja revolu qui est celui de L'Ancien regime.

J'ai beaucoup aime ce roman. Je l'ai lu quatre fois dans l'espace d'un mois. Il ,me semble que dans ce roman Balzac se rejoint du cote de Stendhal dans la sincerite de ses postures dans les comportements de ses personnages