Rien d'autre qu'un livre essentiel.

Kraus

Je ne peux rendre compte que par petites touches de ce roman monumental (plus de mille pages).

Inspiré de faits réels, La Fabrique des salauds est l'histoire de deux frères germano-baltes dans le maelström du XXe siècle. Une épopée de tromperie et de trahison qui part de Riga pour arriver à Tel-Aviv, en passant par Moscou, Berlin, Munich. 

Hub et Koja Solm sont inséparables. Hub, le frère aîné, est charismatique et extraverti. Koja, quant à lui, aimerait mener sa vie d'artiste (c'est un peintre de grand talent), comme celle de son père, mais les changements politiques et les problèmes financiers se mettent en travers de son chemin. Ainsi, dans les années 1930, il se laisse entraîner par son frère dans le mouvement national-socialiste, d'abord en Lettonie puis à Berlin. 

Tous deux sont fous d' amour pour Ev, leur sœur adoptive. Et lorsque les origines juives de la jeune fille sont révélées, Koja, devenu entre-temps lieutenant SS, fait tout pour la sauver d'une mort certaine. Après la guerre, De retour des prisons soviétiques, Koja est contraint de se réinventer en tant qu'agent bricolant pour les services de renseignement de tous les pays. Il s'immerge de plus en plus dans les secrets de la nouvelle Allemagne. Même Ev ne peut pas dire la vérité, mais c'est avec elle qu'il part en Israël pour l'aider à réaliser son plus grand souhait : faire payer les criminels nazis. 

La Fabrique des salauds raconte comment les choses se sont réellement passées à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'espionnage américain est incapable de pénétrer la sphère d'influence russe derrière le rideau de fer, aussi recourt-il à des agents ayant servi dans les services secrets du Troisième Reich contre les Russes, en utilisant l'organisation de Reinhard Gehlen, l'agence d'espionnage formée par d'anciens membres de la Wehrmacht et des SS. Lorsque les services secrets allemands naissent en 1956, la CIA tente d'imposer à leur tête l'ancien général nazi Gehlen, mais se heurte à une forte résistance au sommet de l'État. 

Cette histoire est racontée par un homme qui parle,

“la tête et le coeur sur 'le chevalet de torture de la mémoire...'”

Un homme incroyablement cynique:

“Crois-tu qu'un seul homme entrerait dans la SS, s'il n'y allait pas du bien de l'humanité?...Dans les camps de concentration, tu verrais avec quelle exigence éthique, nous autres, nazis, accomplissons notre devoir.''

ou bien encore:

“On a le droit de déplorer les erreurs commises par le national-socialisme, mais pas d'en profiter pour le remettre en question.”

Et voici un dernier coup de poignard:

“- Comment ça s'appelle déjà, le fait de tenir compte de l'avis des autres?

- La démocratie?

- Non, la décadence.”

C'est un effort ce livre,

il y faut le temps,

celui des vacances,

mais ce n'est pas un livre de vacances...

Rien d'autre qu'un livre essentiel.