La Galice jusqu'à l'hallali
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Mohammed El-Bisatie est l'écrivain des petites gens, des marginaux et des miséreux. De ceux qui sont heureux quand ils peuvent faire un repas par jour, aussi frugal soit-il. Dans La faim, il brosse le portrait d'une famille sans ressources, à travers un triptyque qui met en scène, successivement, le père, la mère et le fils. Comme trois courts-métrages qui conviennent parfaitement à son style qui s'épanouit dans les récits brefs, lui qui est également un nouvelliste réputé. Le roman est sans cesse sous-tendu par une question lancinante, qui est surtout angoissante pour la mère : aurons-nous à manger ce soir ? Le père, lui, est un peu absent, comme un homme qui accepte la fatalité. Il sort toutes les nuits et épie les conversations de la rue, entend des mots qu'il ne comprend pas toujours et qui le taraudent longtemps après. Le fils, lui, se débrouille, se lie d'amitié avec un mitron qui est "copain" avec le feu. Il y a parfois des jours fastes, quand le chef de famille trouve un emploi au café du village, qu'il quitte cependant très vite parce que les clients ont insulté sa mère. Son épouse, un temps, vient à servir le notable du coin, qui ne tarde pas à mourir. Ces gens-là souffrent, ont souvent des crampes d'estomac, mais ils ne se plaignent pas et refusent la pitié. C'est le propre d'El-Bisatie que de leur garder leur honneur, à travers une écriture criante de réalisme, mais jamais misérabiliste, surtout pas. Il a aussi ce talent des conteurs égyptiens, celui d'instiller de la poésie et un humour discret à son récit. A travers ce livre, en filigrane, on sent aussi physiquement la fracture entre les privilégiés, une minorité, et les plus démunis, bien plus nombreux, évidemment. En attendant une révolution populaire, qui sait ? La faim était en lice pour le Goncourt arabe 2009. Amplement mérité eu égard à ses immenses qualités.
Créée
le 12 janv. 2017
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