5ème roman de la saga des Rougon-Macquart, La Faute de l’Abbé Mouret marque, à mon sens, une rupture brutale d’avec les ouvrages précédents, que ce soit dans l’environnement, l’intrigue, et particulièrement dans le rythme du récit.
En effet, le lecteur est très rapidement frappé par la prolifération des passages descriptifs, d’une longueur parfois engourdissante, particulièrement au cœur du roman.
L’Histoire débute pourtant dans le style classique de Zola. Serge Mouret, que l’on retrouve après l’avoir quitté lors de son départ pour le séminaire dans La Conquête de Plassans, est devenu prêtre dans le petit hameau des Artaud, à quelques kilomètres de Plassans, où il se satisfait paisiblement une spiritualité presque ascétique. Tout va pour le mieux jusqu’au jour où le prêtre tombe gravement malade, et est envoyé par son oncle Pascal se regénérer dans Le Paradou, propriété où la nature règne en maîtresse absolue.
S’en suit dès lors ce que Huysmans qualifiera de « poème d’amour ». Les descriptions s’enchaînent comme une exposition de tableaux de maître. Chaque pétale de fleur, chaque branche d’arbre, brin d’herbe ou variation météorologique est évoquée dans un rythme d’une lenteur déroutante. Certes, les images sont très belles, colorées, donnant l’impression d’une sensualité exacerbée, mais à titre personnel j’ai, à de nombreuses reprises, ressenti une franche envie de couper court.
Et c’est franchement dommage, car le dénouement est une nouvelle fois renversant, les intrigues se réveillent après avoir donné l’impression de s’être assoupies un long moment.
En bref, un poème dont certaines pages sont sublimes, mais le roman traîne en longueur, à la limite, parfois, de l’ennui.