La Fée carabine par Julie_D
Poursuivant sur les pistes entrouvertes à la fin du précédent tome, La Fée Carabine s'ouvre sur un premier chapitre d'une perfection absolue, sorte de poème moderne en prose en équilibre entre humour noir et tendresse, dressant en quelques lignes une vision brute et pourtant pas désespérée de la nature humaine.
Un premier chapitre qui donne finalement le ton de l'ensemble, annonçant discrètement les thèmes à venir – qui comme toujours chez Pennac, n'auront pas le mauvais gout de prendre le pas sur l'histoire – et préfigurant le tragi-comique réaliste du livre.
Il est délicat de parler de l'intrigue en elle-même sans ruiner la lecture, aussi me contenterai-je d'exprimer mon admiration envers un roman se caractérise par une maîtrise remarquable dans sa construction comme dans sa narration. Bien que déroulant plusieurs fils distincts et introduisant de nouveaux personnages (à commencer par le génial tandem policier Thian – Pastor), Pennac parvient à bâtir un ensemble complexe mais très naturel, où chaque protagoniste et chaque sous-intrigue trouve une raison d'être, constitue une pièce du puzzle, pour un résultat semblable à une toile d'araignée : tissée avec une remarquable finesse et malgré tout très solide.
L'intelligence réside également dans l'utilisation de cette toile comme support où se promène la galerie de « gueules littéraires » de l'auteur, personnages complexes et nuancés mais toujours introduits de façon totalement organique dans la narration. Chacun traine ses bagages, ses failles et sa noblesse, et crime et vertu ne prennent jamais les formes attendues, faisant de la Fée Carabine un véritable bal masqué à la lecture jouissive et pleine de surprises.
Et puis au-delà de tout ça, il y a ce qui ne s'analyse pas, il y a le sentiment amoureux, inconditionnel et tangible que Pennac porte à ses personnages comme à ses mots, comme si les deux n'étaient que les deux faces d'un même objet.
(suite)
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