Avantages : une vision exotique
Inconvénients : on peut se perdre parfois


Hallgrimur Helgason nous propose avec La Femme à 1000° une balade dans l’histoire de l’Islande du XXème siècle. On pourrait de prime abord penser à une histoire drôle quand on découvre Herra, la vieille femme en fin de vie qui décide de la date de sa mort, de sa crémation à 1000° et de sa vie dans un garage aménagé avec sa grenade allemande et ses multiples profils Facebook. On peut encore avoir cette illusion dans ses premiers souvenirs, mais c’est un drame qui nous est conté.


Le drame d’une nation loin de tout, terre de volcans et d’îles, qui n’obtint son indépendance que tardivement du Danemark, pour rester asservie aux Etats-Unis qui l’utilisèrent comme base arrière lors de la seconde guerre mondiale, puis pendant la guerre froide. Et cette guerre, Herra aurait pu la vivre de loin, comme sa famille depuis l’Islande, mais non. Elle sera au cœur du conflit, au Danemark d’abord puis en Allemagne et en Pologne. Que dire de son père qui sympathisera à tel point avec le nazisme qu’il s’engagera à leurs côtés ? Et de sa mère trop indécise pour protéger sa fille ? Herra vivra l’enfer de la guerre, du côté des civils, ballottés, tourmentés, violentés par les deux camps.


Amateur des littératures scandinaves, j’ai appris et pris beaucoup de plaisir à cette lecture dense. J’ai éprouvé quelques difficultés au début, tant les chapitres, les souvenirs semblent désordonnés chronologiquement, mais nos souvenirs nous viennent-ils dans leur ordre chronologique ? Bien sûr que non, ce sont les sensations qui guident nos réminiscences, et c’est bien ainsi que l’auteur a assez adroitement construit ce récit. Il nous donne une vision pleine de désillusion de l’Islande et je garde en mémoire ce chapitre fabuleux où il évoque la langue islandaise, une des plus difficiles à apprendre au monde. Une non langue plutôt tant les Islandais ont appris à se taire face aux Danois, à tel point qu’il en parle comme de la « langue naine ». Un récit qui nous plonge dans l’esprit islandais.

Bobkill
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le 3 août 2015

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