Moins connu que Yukio Mishima avec lequel il a pourtant une certaine proximité, Osamu Dazai est un auteur sur lequel je n’ai guère un grand savoir, force est de constater.
Pourtant de ce que j’ai pu cerner, Osamu Dazai est un auteur influencé par la culture occidentale, la connaissant et ayant très jeune eu un certain succès littéraire, l’auteur n’en a pas moins été marquée toute sa vie par une profonde dépression, un soucis existentialiste profond accompagné d’une sorte de mélancolie froide face au Japon qui évolue puis perd la guerre.
Auteur du shishosetsu, genre littéraire mélangeant autobiographie et autofiction, Dazai va dans La Femme de Villon, il me semble, offrir une parfaite porte d’entrée dans son œuvre et sa pensée.
En effet, nous retrouvons toutes ces thématiques mais avec une réelle subtilité.
La narration est faite par madame Ôtani, pauvre épouse d’un homme alcoolique, endetté et voleur qui plus est, dont le fils souffre d’un handicap intellectuel. Dans ce Japon sortant de la seconde guerre mondiale, madame Ôtani accepte avec simplicité ce qui se présente à elle, et elle va tenter de trouver une solution pour éponger la dette de son mari. Mari qui est en réalité un auteur à succès, profondément déprimé, obnubilé par la mort, fin connaisseur de la poésie française et de la philosophie grecque.
Dans le genre shishosetsu, Dazai fait donc preuve d’un côté vraiment intéressant en ne se dévoilant pas à la première personne mais bien en se regardant dans une vision alternative à travers le regard du bon sens de la personne qui est dans le droit chemin, non pas celui d’une petite bourgeoisie mais bien dans celui de la vie concrète qui parvient à travailler malgré la difficulté de la vie.
Comme Nébal l’a très bien dit dans une critique sur ce site, c’est dans la distance que madame Ôtami découvre en son mari l’auteur qu’il prétend être. Il y a énormément de subtilité dans cette nouvelle et signe ainsi le génie des grands auteurs : dire beaucoup en très peu de lignes.
Une lecture à recommander, puisqu’en quelques dizaines de pages on se met à aimer Osamu Dazai.