Je m’appelle Mateo et je suis sadomasochiste. Bonjour Mateo !

Ce livre ne raconte ni une histoire d’amour ni des ébats torrides (Louÿs chantre de l’érotisme ? Pas dans celui-ci en tous cas). C’est la narration, à la fin du XIXème siècle, d’une guerre psychologique entre Mateo, gentilhomme aisé cherchant désespérément à s’approprier une jeune espagnole indomptable, et cette dernière, Concha, prenant apparemment un malin plaisir à lui briser le cœur à maintes reprises (en lui soutirant pas mal d’argent au passage).

Le point de vue interne adopté la majeure partie du roman m'a semblé particulièrement intéressant. En effet,
c’est Mateo lui-même qui raconte cette passion tragique à un ami, et ce pour l’empêcher de s’acoquiner avec la belle scélérate, qui s’est d’ailleurs mariée à un autre entre temps. Niveau objectivité, on peut donc légitimement se poser quelques questions. Ce procédé permet en revanche de maintenir le mystère le plus complet concernant les réelles motivations psychologiques de l’héroïne et frustre délicieusement le lecteur. Bunuel a d’ailleurs donné pour titre à son adaptation cinématographique 'Cet obscur objet du désir'.

Quant à la fin -abrupte et cruelle- de ce petit roman qui se lit d’une traite, elle ne manque pas de satisfaire le petit pervers qui sommeille en chacun de nous.

Morceaux choisis :
« Quiero est un verbe étonnant qui veut tout dire. C’est vouloir, désirer, aimer, c’est quérir et c’est chérir. Tour à tour et selon le ton qu’on lui donne, il exprime la passion la plus impérative, ou le caprice le plus léger. C’est un ordre ou une prière, une déclaration ou une condescendance. Parfois,
ce n’est qu’une ironie. »
« Il est deux sortes de femmes qu’il ne faut connaître à aucun prix : d’abord celles qui ne vous aiment pas, et ensuite, celles qui vous aiment. Entre ces deux extrémités, il y a des milliers de femmes charmantes, mais nous ne savons pas les apprécier. »
[Concha] – Je vous ai embrassé parce que je vous aime bien ; mais vous, vous ne m’embrasserez pas sans m’aimer.
« Elle s’était un peu adoucie. Je veux dire qu’elle ne m’en voulait plus de tout le mal qu’elle m’avait fait. »
« Un proverbe espagnol nous dit : « La femme, comme la chatte, est à qui la soigne. » »

Bonne lecture.
turlututu
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le 12 mai 2013

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