Une Thaïlande contre manque d'énergie, épidémies et monopole des multinationales agricoles. Grand.
Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/02/16/note-de-lecture-la-fille-automate-paolo-bacigalupi/
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le 11 févr. 2012
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Futur proche indéfini. Les énergies fossiles ont été épuisées. Le recul fracassant technologique en découlant n'est pas résorbé. L'économie mondiale s'est contractée, accompagnée de pandémies biologiques terribles. Le monde - dominé par quelques compagnies descendantes de Monsanto revendant à prix d'or des semences stériles capables de résister aux maladies mutagènes et parasites pirates - est redevenu immense.
Le royaume Thaï lui, est parvenu à conserver son indépendance et sa souveraineté. En fermant ses frontières, en contrôlant drastiquement toute importation étrangère. Luttant avec toujours plus de difficultés contre des espèces invasives qui menacent sa stratégie autarcique à l'équilibre précaire...
Avec La fille automate, Paolo Bacigalupi nous propulse dans un univers diffus, impitoyable, volontairement (?) confus, où la tradition Thaï se mêle à des intrigues politiques roublardes, une guerre économique & industrielle insidieuse, des destinées où la survie prime sur des convictions mouvantes.
Dans ce périple narratif, où chaque personnage n'a que quelques pièces d'un jeu de plateau dont il ignore ou presque les règles mais redoute les conséquences, l'anticipation ultra réaliste supplante la Science Fiction traditionnelle. Paolo Bacigalupi interroge discrètement le lecteur sur différents thèmes à travers eux. Les ravages de l'économie capitaliste appliquée à l'industrie agroalimentaire avec un négociateur chevronné des intérêts de farangs du Midwest ; le jusqu'au boutisme idéologique avec un capitaine du ministère de l'environnement; ce qu'implique la survie des populations réfugiées avec un chinois Malais ayant du fuir l'intolérance ethnique et religieuse ; le transhumanisme enfin, avec Emiko, la fille automate, aux antipodes d'une réflexion d'une oeuvre comme Ghost in the Shell par exemple.
La fille automate souffre de certains parti pris qui peuvent peiner votre lecture. Une tendance à la répétition jusqu'à l’écœurement de ce que vivent et ressentent les personnages. Une écriture un peu sèche, prolixe en termes thaï certes immersifs, mais que vous devrez aller traduire pour saisir leurs implications. Une intrigue discrète pour accentuer l'atmosphère globale, qui ne décollera jamais réellement.
Ces écueils sont cependant tout à fait surmontables, La fille automate a tout du livre univers capable d'essaimer ailleurs, qu'on souhaiterait voir décliné en film, idéalement en série, pour poursuivre l'exploration. S'emparant avec intelligence d'un sujet aussi sensible (et pourtant finalement peu porté sur la place publique) que le brevetage du vivant, il est un peu le Neuromancien de l'OGM à grande échelle.
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Créée
le 19 août 2016
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