Un bon Balzac pour commencer...

Soyons clairs : la Comédie Humaine est une telle oeuvre qu'il est déstabilisant, voire décourageant, de savoir par où commencer.
C'est pour cela qu'à mon avis, il ne faut peut-être pas commencer par les grands classiques balzaciens (comme le Père Goriot, par exemple), mais peut-être par d'autres plus courts, qui présentent un registre différent de celui auquel on s'attend chez cet auteur.
Il est bien évident en effet que la canonisation de Balzac dans la littérature, si elle est une reconnaissance posthume méritée, a pour envers une "institutionnalisation" du personnage qui tend à défraichir la lecture, surtout quand on est jeune.

C'est pour cela qu'à mon sens, La fille aux yeux d'or est un excellent roman pour commencer. On y trouve certes au départ de longues descriptions, mais elles sont si enflammées et si belles qu'elles captent l'attention du lecteur (puisqu'il s'agit d'une description d'un Paris tour à tour corrompu et souverain).
Et surtout, puisque c'est le seul moment où l'on a véritablement des descriptions, il est possible de sauter des pages pour ceux que ça ennuie, sans risquer de rater le début de l'action.

Après cela, on pénètre en effet dans un univers sulfureux et mystérieux, teinté d'une certaine forme d'orientalisme (d'où la dédicace au peintre Delacroix, qui peignit notamment les Femmes d'Alger) et d'érotisme. Certes, le personnage de De Marsay manque un peu d'ampleur dans ce roman (c'est du moins mon avis), mais ses aventures ne laissent pas indifférent le lecteur.

Bref, j'en conseille la lecture à ceux qui n'ont jamais lu un Balzac de leur vie, qui pensent qu'ils ratent quelque chose (avec raison), et à qui les gros livres suscitent encore une peur atavique issue d'une scolarité mal digérée (ce qui peut se comprendre).