Le Chant du Cygne des Femmes Libres.
C'est un roman de Balzac paru en 1835,le troisième volet de L'Histoire des Treize,qui regroupe "Ferragus","La Duchesse de Langeais" et "La Fille aux yeux d'or".L’ensemble fait partie des Scènes de la vie Parisienne,Etudes de moeurs" de la Comédie Humaine.Ce récit nous décrit le parcours d'une héroïne tragique en ce sens que,victime de la société masculine qui la considère comme inférieure et sans importance,elle ne survivra pas à cette mesquinerie et à cette domination.Henri rencontre sur la promenade du Louvre une femme très belle qui le chamboule."J'aurais décidément cette fille comme maitresse" se dit-il,et Balzac nous le montre à l'ouvrage,guettant,suivant tout en la harcelant jusqu'au moment ou il réussit à l'obtenir,après plusieurs tentatives.Il découvre alors que cette femme qui a plus que 20 ans est vierge mais pas innocente.Il devine enfin la vérité:elle est la maitresse,non du Marquis de San Réal,comme il le supposait,mais de sa femme.Cette découverte fera comprendre certaines situations étranges du
texte(la voix,la mère,la surveillance jalouse exercée sur la jeune femme.....) et expliquera le dénouement tragique du texte:la mort de Paquita Valdès ,tuée à coups de couteaux par Madame de San Réal,qui se révèle être la demie-soeur de Henri lui même.L’intérêt de l'histoire est de voir comment l'auteur met en scène une passion amoureuse que la morale et sa conscience rejettent.L'amour de Paquita pour De Marsay est réel,profond,pur,total mais il est condamné par cet homme ,qui est avant tout un Don Juan et par ses péchés car c'est une roturière(donc pas noble) et une lesbienne,ce qui est en infraction avec son statut moral et social.Elle symbolise,dans La Bourgeoisie qui s'installe au dix neuvième siècle,la faute suprême et le scandale inacceptable.L'amour ne peut se concevoir qu'entre un homme et une femme et,lorsqu'il correspond à la norme,que dans un couple légitime et assumé.Il se conçoit alors dans l'idée du mariage consacré par L’Église justifiant la famille et les enfants.Tout ceci représente le miroir,même un peu déformé,d'une société ou l'argent et le pouvoir donnent tous les droits,ou les femmes s’achètent comme des esclaves,et sont gardées dans des cages dorées selon le bon vouloir de leur maitre.Ici,c'est une maitresse qui tient une autre femme sous sa coupe.Balzac fait preuve d'audace en décrivant une passion entre deux femmes.Cette passion entre la Marquise de San Réal et Paquita va faire mourir celle-ci car elle n'a jamais su choisir entre son amour pour Henri et son amante.
Dans de longs passages narratifs ou descriptifs,l'écrivain montre la complexité des relations humaines.Les caractéristiques de la tragédie antique et classique sont évidents.La violence et l'intensité dramatique y sont d'autant plus émouvantes que Balzac est un auteur réaliste qui dresse le constat amer d'une société injuste et qu'il amplifie le malheur des personnages par un romantisme noir à la sombre et mystérieuse poésie.