Comment ? Encore un écrivain argentin qui écrit sur les années de dictature ? Oui, le traumatisme stagne toujours comme une eau marécageuse et comment pourrait-il en être autrement avec cette période noire de l'histoire de l'Argentine dont le pays est loin d'avoir fait le deuil ? La fille du cryptographe commence en 1968, année mondiale de troubles, et le portrait du narrateur se dessine progressivement. Un garçon irrésolu, attiré par la cryptographie et qui tombe coup sur coup sous le charme d'un professeur charismatique et d'une jeune femme insaisissable. Deux personnages qui seront omniprésents dans sa vie, d'abord au temps de la création d'un club secret très particulier puis au service, à contrecoeur, de la junte militaire. Tout le livre baigne dans un climat de secrets, de rivalités, de soupçons, de délations et de trahisons. Une atmosphère fascinante et brumeuse accentuée par une narration qui se fait souvent allusive et garde une large part de mystère. Ce parti pris peut d'ailleurs indisposer les lecteurs impatients de voir les situations évoluer avec davantage de célérité et sur un mode moins obscur. Le roman de Pablo De Santis est pourtant un modèle de construction qui distille ses informations, codées ou non, au fil des pages, les moindres détails de l'intrigue pouvant revenir à la surface quelque temps plus tard. Il y a dans La fille du cryptographe un parfum de film noir, un brin opaque et délétère, avec une forme de suspense psychologique et romantique, qui mérite les efforts consentis pour être décrypté.

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le 20 nov. 2018

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