Hegel power
Enfin je le lis, cet ouvrage dont il est vrai qu'il a parfois été réduit à un constat béat de victoire du capitalisme sur le communisme qui sonnerait la fin de l'histoire.Et ô surprise : Fukuyama est...
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le 7 janv. 2024
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On a toujours prêté à Fukuyama l'écriture d'un essai géopolitique béatement optimiste et aveuglé par les succès économiques et socio-culturels des États-Unis dans la décennie 1990. Ou, du moins, c'est toujours ainsi que La Fin de l'histoire et le dernier homme m'a été présenté.
Pourtant, il n'en est rien. Bien loin des remarques pleines de mépris qui lui sont adressé, sûrement pas des personnes ne l'ayant d'ailleurs pas lu, cet essai porte bien plus sur des questions de philosophie morale qu'autre chose.
Car passé les premières 200-250 (je suis d'accord, cela fait beaucoup) assez pauvres pages du livre, où Fukuyama enchaîne les exemples historiques, sociologiques et économiques sans s'arrêter et sans prendre le temps de les nuancer afin de pouvoir en retirer ce dont il a besoin pour construire sa défense du capitalisme, La Fin de l'histoire offre une réflexion tout à fait pertinente sur l'état des sociétés occidentales développées.
Moyennisation, disparition de l'appartenance à des communautés élargies, fin des grandes aspirations... toutes ces thématiques n'ont pas attendu Fukuyama pour être traitées mais restent abordées de manière pertinente et forment un tout cohérent.
Si j'ai donc eu beaucoup de mal avec l'apologie assez maladroite du capitalisme dans la première moitié du livre (sans pour autant dire qu'elle est foncièrement fausse ou ratée), cette seconde partie m'a particulièrement frappé et raisonne de manière assez forte pour un lecteur contemporain du second mandat de Donald Trump (c'est d'ailleurs assez drôle de voir que Fukuyama lui consacre quelques paragraphes).
Ainsi, ne vous fiez pas aux critiques simplistes et malhonnêtes de La Fin de l'histoire qui est un ouvrage infiniment plus subtil, riche et nuancé qu'elles ne le font apparaître. Au contraire de prédire l'adoption universelle et intemporelle du modèle américain, Fukuyama soulève justement toutes les barrières qui se dressent et les raisons qui font que "le dernier homme" est encore loin d'arriver dans la majorité du globe.
Dernier Homme qui, encore une fois en opposition à toutes les critiques du livre, n'est pas particulièrement appelé de ses vœux par l'auteur qui voit bien les contradictions intellectuelles et morales qui se dressent pour nos civilisations modernes.
Si je ne partage pas plusieurs des thèses soutenues par La Fin de l'histoire et le dernier homme (qui s'inscrit finalement dans une continuité très Friedmanienne ce qui fait beaucoup de mal à mon petit cœur de libéral français) je ne peux qu'en saluer la richesse et le courage intellectuel.
Je m'avancerais même à dire qu'il y a une certaine lâcheté à se servir de Fukuyama comme d'un épouvantail. Car si ses thèses peuvent être facilement attaquées, il est bien plus difficile de lui donner tort.
Bref, si vous aussi vous voulez briller en soirée mondaine en se moquant du pauvre Francis, prenez au moins la peine de le lire. Qui sait, peut-être serez-vous finalement séduit par sa pensée ?
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il y a 2 jours
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