Premier film d'envergure sur le catch depuis The Wrestler, Iron Claw était clairement l'un des films que j'attendais le plus, surtout que le destin des Von Erich est un thème que je connais bien. L'annonce des acteurs n'avait fait que renforcé mon impatience et je tentais de passer outre les premiers retours mitigés des fans de la discipline ainsi que la communication exaspérante autour du label A24.
The Iron Claw n'est pas un mauvais film, c'est peut-être même un bon film, mais c'est d'abord une œuvre frustrante. Car malgré un cast qui tient toutes ses promesses, avec notamment un excellent Jeremy Allen White, le film semble constamment échouer à la ligne d'arrivée de ses intentions. Le film se veut d'abord accessible à tous et transforme la plupart de ses dialogues en des scènes d'exposition assez lourdes qui ne me semblent pas spécialement éclaircir la situation pour les profanes du système des territoires des années 80. Le film affiche une certaine pudeur vis-à-vis du traitement des démons des différents frères (sexe, drogue, alcool, stéroïdes) mais accumule en même temps de nombreux clichés agaçants de mise en scène : le rock cool de l'époque pour bien souligner que là ils sont contents, les musiques bien tristes à chaque drame pour bien te faire comprendre que c'est le moment d'être ému, etc. etc.
Si le principal point noir du film reste donc à mes yeux la surenchère d'exposition inutile et mal écrite, il m'est également difficile de passer outre le traitement de Fritz Von Erich. Même si je sais que Kevin a eu son mot à dire sur le projet et qu'il a toujours voulu défendre l'héritage du paternel, je ne peux pas m'empêcher d'être de déçu de voir un véritable démon comme Fritz être relégué à "c'était l'éducation d'une autre époque". Le film étouffe par ailleurs l'une des scènes les plus tragiques de l'histoire des Von Erich où le père accuse le fils de ne pas avoir suffisamment de courage pour se suicider comme ses frères.
Mais malgré tous ses défauts, The Iron Claw n'en arrive pas moins à frapper juste à de nombreuses reprises. La représentation de l'amour que nourrissent les quatre frères les uns aux autres est particulièrement juste est touchante. La toute première scène introduisant Fritz est également géniale. Je parlais également plus tôt de la pudeur du film vis-à-vis des incidents qui reste un très gros point fort. Plutôt que de tomber dans la surenchère du tragique, Sean Durkin a la bonne idée de ne filmer aucun des accidents sinon les suggérer ou simplement montrer les premiers instants.
Enfin, deux passages sont à mes yeux extrêmement bien réussis. D'abord l'expiation de la douleur des frères qui se retrouvent dans une scène que l'on pourrait trouver ringarde mais qui sonne parfaitement juste à mes yeux et qui était la meilleure manière de rendre hommage à leurs destins brisés. Ensuite toute la séquence avec Ric Flair que le film arrive à présenter comme le méchant ultime, un antagoniste qui parvient à éclipser Fritz le temps de son apparition pour ensuite venir nous rappeler que tout cela n'est qu'un "work".
C'est peut-être d'ailleurs ce que j'aurais plus aimé voir dans le film, ce brouillage entre ce qui est réel et fait parti du show, élément qui fait tout le sel du catch. Mais je ne peux pas non plus reprocher au réalisateur d'avoir une approche différente du sujet.
Que reste-t-il de The Iron Claw ? Finalement pas grand chose et, si cela résume mon avis sur le film, je ne peux pas m'empêcher de le regretter. Sean Durkin est bourré de bonnes intentions et propose quelques scènes particulièrement réussies. Malheureusement le métrage reste miné par une écriture pas à la hauteur de la distribution et un montage parfois étonnant.
Toutefois, je recommanderais tout de même le film à quiconque est intrigué par son pitch ainsi qu'aux fans de catch.