Tout d'abord, je dois avouer que je n'y connais absolument rien au catch, que je n'avais jamais entendu parler auparavant de la famille Von Erich (oui, c'est un biopic !).
C'est pour cela que lors du visionnage de la première moitié, je ne comprenais pas pourquoi un des frères, Kevin, (oui, il y a le père, ancien catcheur, et ses fils, toute une fratrie reprenant le flambeau !), le plus vieux (du moins, à être encore vivant à l'instant lors duquel commence le long-métrage !), incarné par Zac Efron (faisant office de protagoniste pour une raison hélas bien logique !), se met à parler, au détour d'une conversation avec sa petite amie, de malédiction à propos de sa famille. Certes, il y a l'ombre du frère aîné, décédé accidentellement à l'âge de six ans. Et il n'y a rien de pire pour des parents que de voir disparaître avant eux la chair de leur chair, pour une famille de perdre un enfant. Mais ils sont loin d'être les seuls à avoir subi cette chose atroce, malheureusement. Puis, la deuxième moitié débarque et je me suis dit, inévitablement choqué, "ah ouais, là, là... ouais !". En effet, le terme de "malédiction" n'est nullement exagéré.
À partir de là, j'ai saisi pourquoi Sean Durkin voulait nous raconter cette histoire. Plus que le catch (sur lequel le film ne s'étend pas trop, mais je vais y revenir !), c'est le côté "tragédie familiale" qui intéresse le réalisateur-scénariste. Et je le comprends, il y a de la matière pour ça, beaucoup de matière, trop pour ne pas être sacrément condensée dans une durée d'à peine un peu plus de deux heures.
Oui, pour moi, le format mini-série aurait beaucoup mieux convenu, car le tout peine, faute de temps, à creuser un minimum chacun des frères, à faire savoir qui était chacun d'entre eux (d'ailleurs, juste pour l'anecdote, j'ai appris après, en me renseignant, qu'un membre supplémentaire de la fratrie, ayant réellement existé donc, lui aussi avec un destin de merde, a été complètement supprimé, parce que... faute de temps !). Excepté qu'elle est portée par la religion, l'aidant à tenir, on ne sait pas non plus des masses sur la mère, sur ce qu'elle est, sur ce qu'elle pense (c'est dommage d'avoir pris une actrice talentueuse comme Maura Tierney pour lui fournir aussi peu à jouer !). Passé la séquence de drague, savoureuse du fait que, renversant les conventions sociétales de la séduction, c'est elle qui prend entièrement l'initiative du début jusqu'à la fin, promettant le beau portrait d'une jeune femme n'ayant pas du tout peur de montrer ce qu'elle veut et de tout faire pour l'obtenir, la petite amie/épouse du protagoniste est quasi refourguée au second plan (je me répète dans les formulations, mais c'est dommage d'avoir pris une actrice talentueuse comme Lily James pour lui fournir aussi peu à jouer !).
Dans les seconds rôles, seul Holt McCallany arrive à efficacement se distinguer en père qui aime sincèrement ses fils, mais qui est indigne malgré tout, ne lui venant pas un seul instant à l'esprit qu'il est toxique à leur égard (oui, lister ses fils par ordre de préférence en fonction de leurs performances sportives, les mettre sans cesse en compétition, leur faire s'adresser à lui comme à un supérieur militaire et leur faire comprendre qu'ils n'ont pas le droit d'afficher la plus petite faiblesse psychologique ou émotionnelle, vu que ce sont des hommes et que les hommes sont forcément des durs à cuire, sont des comportements ayant peu de chance d'aboutir une progéniture heureuse et équilibrée !).
Autrement, le rôle principal, comme susmentionné, est tenu par Zac Efron, en frère qui essaye du mieux qu'il le peut de protéger ses cadets, mais qui assiste, impuissant, à une tragédie se répétant inlassablement. Étant donné qu'il a nettement plus de temps de présence que les autres, qu'il est plus charismatique que ses partenaires masculins et aussi considérablement plus musclé (oui, il y a à ce niveau-là un décalage visuel assez gênant... c'est lui qui est trop musclé ou les autres qui ne le sont pas assez ?), c'est évidemment cet acteur que l'on retient le plus.
En ce qui concerne le catch, la toile de fond du récit, les coulisses de ce sport ainsi que son côté théâtral sont très peu évoqués parce que... faute de temps.
Pour ce qui est de la réalisation, hormis un usage habile de la surimpression à deux reprises (dont une au tout début !) pour mettre visuellement en scène le poids psychologique qui écrase nos frangins, c'est du plan-plan, sans créativité esthétique ou narrative, avec à son crédit, tout de même, une reconstitution assez soignée, de la fin des années 1970 et du début des années 1980.
Ouais, il y a vraiment de la matière pour faire une très bonne mini-série...