Ce qui frappe dans Iron Claw, hormis les scènes sur le ring, nombreuses mais dynamiques et donc peu susceptibles de lasser les non-adeptes du catch, c'est la manière dont le récit se construit patiemment et intelligemment. En privilégiant d'abord l'atmosphère très virile d'une famille célèbre de lutteurs texans des années 80, puis en faisant défiler le cours d'événements tragiques, qui sembleraient peu crédibles dans n'importe quelle fiction, sauf qu'il s'agit d'une histoire inspirée de la réalité. Le film ne distribue pas les parpaings dans tous les sens mais se bâtit à travers la figure d'un père autoritaire et de 4 frères dont le destin ne peut se nouer qu'entre les cordes. La mise en scène de Sean Durkin n'a pas besoin de montrer les muscles, le scénario d'Iron Claw est incroyablement riche et dramatique, et certaines moments-clés ne sont d'ailleurs pas montrés en tant que tels mais escamotés au profit des conséquences sur cette fratrie vouée à une véritable malédiction. Si l'on peut regretter le peu d'espace accordé aux personnages féminins, c'est surtout qu'il s'agit en premier lieu de toxicité masculine et paternelle et que les choix narratifs s'avèrent payants pour restituer une saga moins sportive que familiale. Enfin, il est difficile de privilégier un acteur plutôt qu'un autre dans un casting puissant où l'on a demandé aux acteurs d'acquérir du muscle et de jouer avec le plus de naturel possible. Mission réussie pour un film qui ressemble à certaines grandes réalisations américaines des années 70/80, en un temps où les suites et reboots n'avaient pas encore pris le pouvoir outre-Atlantique.