En 1950, dans la préface de ce court ouvrage, John Steinbeck essaie de faire la promotion de ce type un peu hybride qu’il appelle le « roman-pièce », « une pièce facile à lire ou un court roman qu’on peut jouer en isolant le dialogue »…

En prenant exemple de ses deux précédentes tentatives en la matière : Des souris et des hommes et Lune noire, il explique laborieusement les deux avantages supposés de la chose : être plus facile à lire qu’une pièce de théâtre, donc, et être facilement adaptable sur scène au besoin, c’est dire si rien ne justifie le surcroit de difficulté que ce mode abâtardit donne à l’écrivain de l’aveu même de son défenseur…

Ici, une histoire complètement idiote en quatre personnages et trois actes, dans un cirque, dans une ferme et sur un bateau… Le procédé est aussi agréable qu’il est artificiel, c’est-à-dire de poursuivre le déroulement de l’histoire en changeant complètement de monde entre les actes et il faut tout le talent bien réel de John pour que le lecteur n’envoie pas valdinguer l’ouvrage au beau milieu…

Et puis, on se rappelle quand même que des Souris et des hommes c’était déjà très mauvais en fait, et que si le procédé donnait aux conditions particulières de Lune noire un sentiment d’urgence et d’universalité épurée, il n’y avait aucune raison pour que cette sensation survive à cette exception.

Comme quoi on peut être un écrivain génial et se perdre à plusieurs reprises dans les méandres d’un raisonnement oiseux et les faux mirages d’une innovation qui n’en est jamais une, oublions vite cet enfant adultérin mort-né et replongeons-nous au plus vite dans les délicieux romans de son père.
Torpenn
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le 11 janv. 2014

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