La Forêt des Mânes par madamedub
Jeanne est juge une d'instruction aux névroses évidentes de banalité. Elle profite d'une investigation pour placer sur écoute le psychiatre de son amant, qui par le truchement d'un hasard tout de même rudement pratique se trouvera être aussi le médecin de celui qu'elle traque. Ainsi, véritable femme de loi, digne des meilleures séries de TF1, entre cannibalisme et rites préhistoriques elle n'hésitera pas à saborder sa carrière pour se lancer à la poursuite de ce tueur en série qui la mènera aux confins de l'Amérique latine.
A l'image de l'héroïne qui l'incarne, La forêt des Mânes est un roman sans relief à la saveur pré-construite. Cette Jeanne est tout juste exaspérante tant elle incarne de façon provocante un cliché populaire et paradoxalement romantique de la trentenaire actuelle. Tout le récit est plombé par cette fille qui sans plus s'interroger alterne psychotropes et masturbation impromptue, de sorte qu'on ne parvient même pas à la prendre en pitié.
Même les meurtres pourtant sordides, généralement point d'orgue du roman policier, deviennent à travers ses yeux d'une fadeur qui lasse. Jeanne Ingère, digère pour normaliser et aplanir là où ne devrait y avoir que rebondissements et frissons.
Ainsi, outre la mal dégrossie juge d'instruction, ce qui freine le plus la lecture de ce roman, c'est que tout s'imbrique petit à petit. Les déductions sont amenées au fur et à mesure, il n'y a pas de levé de rideau final, aucune surprise pour ces dernières pages qui pourtant sont bien longues à venir. Et que penser des diverses considérations psycho-psychiatriques qui fleurissent ça et là (en général aux moments où l'auteur peine à justifier des actions de ses personnages) ? Et bien pas grand chose, il convient de ne rien en dire sinon de lire la page faits-divers d'un journal de province, elle sera mieux documentée.
Avec ce roman, Jean-Christophe Grangé devient à la littérature policière ce que Bernard Werber est à la chronique scientifique.